En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent. Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. Et si quelqu’un veut te poursuivre en justice et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. À qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos ! »
Tendre l’autre joue. Dans l’expression, devenue proverbiale, on s’attache trop à la deuxième joue, qui focalise l’attention et crée l’image d’un second coup : comme s’il s’agissait de bander stoïquement la volonté et se préparer à prendre aussitôt une claque supplémentaire. Dans « l’autre joue », c’est moins le mot « joue » qui compte que le mot « autre ». Il s’agit moins en vérité d’endurer héroïquement une seconde agression que de changer résolument de côté. D’inverser l’escalade de la brutalité, de passer sur un autre versant des choses, de changer de rive. Aucune passivité donc, mais une riposte, fondée sur le pari d’un déplacement possible de la violence.
« L’autre joue » qu’il s’agit, comme une offrande, de présenter ou de tendre (deux verbes magnifiques dans Luc ou Matthieu, selon les traductions), c’est au fond celle du Christ lui-même, qui vient l’incarner en chaque visage. En nous, c’est lui qui tend à l’agresseur cette part mystérieuse du visage, de l’autre visage, capable de sortir alors de toute mesure, même légitime, comme le voulait encore la loi du talion (œil pour œil). Passer d’une jauge humaine à la jauge divine. Trouver l’autre joue ! Une grâce en vérité que lui seul, le moment venu, donne.
« Il a été dit…eh bien moi je vous dis » : oui, Jésus, une fois encore, vient brouiller la mesure ! Et tout comme on marche sur deux jambes, dans les situations difficiles, faire face, mais à double- joue !
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 5, 38-42)
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Vous avez appris qu’il a été dit :
Œil pour œil, et dent pour dent.
Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ;
mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite,
tends-lui encore l’autre.
Et si quelqu’un veut te poursuivre en justice
et prendre ta tunique,
laisse-lui encore ton manteau.
Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas,
fais-en deux mille avec lui.
À qui te demande, donne ;
à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos ! »
L’autre joue
Tendre l’autre joue. Dans l’expression, devenue proverbiale, on s’attache trop à la deuxième joue, qui focalise l’attention et crée l’image d’un second coup : comme s’il s’agissait de bander stoïquement la volonté et se préparer à prendre aussitôt une claque supplémentaire. Dans « l’autre joue », c’est moins le mot « joue » qui compte que le mot « autre ». Il s’agit moins en vérité d’endurer héroïquement une seconde agression que de changer résolument de côté. D’inverser l’escalade de la brutalité, de passer sur un autre versant des choses, de changer de rive. Aucune passivité donc, mais une riposte, fondée sur le pari d’un déplacement possible de la violence.
« L’autre joue » qu’il s’agit, comme une offrande, de présenter ou de tendre (deux verbes magnifiques dans Luc ou Matthieu, selon les traductions), c’est au fond celle du Christ lui-même, qui vient l’incarner en chaque visage. En nous, c’est lui qui tend à l’agresseur cette part mystérieuse du visage, de l’autre visage, capable de sortir alors de toute mesure, même légitime, comme le voulait encore la loi du talion (œil pour œil). Passer d’une jauge humaine à la jauge divine. Trouver l’autre joue ! Une grâce en vérité que lui seul, le moment venu, donne.
« Il a été dit…eh bien moi je vous dis » : oui, Jésus, une fois encore, vient brouiller la mesure ! Et tout comme on marche sur deux jambes, dans les situations difficiles, faire face, mais à double- joue !
Diacre Patrick LAUDET