Commentaire biblique du 8 mai

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 14, 21-26)

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Celui qui reçoit mes commandements et les garde,
c’est celui-là qui m’aime ;
et celui qui m’aime
sera aimé de mon Père ;
moi aussi, je l’aimerai,
et je me manifesterai à lui. »
Jude – non pas Judas l’Iscariote – lui demanda :
« Seigneur, que se passe-t-il ?
Est-ce à nous que tu vas te manifester, et non pas au monde ? »
Jésus lui répondit :
« Si quelqu’un m’aime,
il gardera ma parole ;
mon Père l’aimera,
nous viendrons vers lui
et, chez lui, nous nous ferons une demeure.
Celui qui ne m’aime pas
ne garde pas mes paroles.
Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi :
elle est du Père, qui m’a envoyé.
Je vous parle ainsi,
tant que je demeure avec vous ;
mais le Défenseur,
l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom,
lui, vous enseignera tout,
et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »

Garder ma parole

Jude, appelé encore Thaddée chez Marc et Matthieu, est un apôtre discret. De lui, il ne nous reste qu’une question. Et quelle question ! Une intervention émouvante, qui le rend attachant si l’on mesure à quel point elle est décalée dans ce grand moment de confidence où le Christ ouvre son cœur à l’approche de sa passion. A l’heure où il passe de ce monde à son Père, où il révèle à ses disciples le salut qui est à l’œuvre, la question spontanée mais parasite de Jude fait entendre comme une fausse note.

 Seigneur, que se passe-t-il ? Est-ce à nous que tu vas te manifester et non pas au monde ? Tout préoccupé du comment, impatient de la manifestation messianique au plus grand nombre, il semble ne pas comprendre grand-chose. Ne voit-il en Jésus que le restaurateur temporel du Royaume d’Israël, insensible aux enseignements subtils de Jésus et à la prédication par laquelle il s’efforce d’ouvrir leur cœur et d’élever leur intelligence ? Dans la collaboration avec Jésus, il se montre ardent et empressé, mais il n’est pas encore entré dans les profondeurs du face à face. Jésus ne lui reproche rien, mais ne lui répond pas. Il passe outre, et le flot de la révélation suit son cours torrentiel.

Jude et sa question sont finalement bien nécessaires, pour assumer toutes les questions inopportunes posées à Dieu, toutes nos demandes qui ne sont pas bien à propos. Il arrive que Jésus ne nous réponde pas. Ce qui ne signifie jamais qu’il ne nous a pas entendus. Car la vraie réponse arrivera, plus tard.

           Aujourd’hui, l’urgence est ailleurs : par trois fois, il nous appelle à garder sa parole et à rester fidèle. La fidélité, pas seulement comme une vertu que l’on aurait plus ou moins. La fidélité comme une mission. 

Oui, reconnaissons que dans la vie chrétienne, la fidélité n’est pas tant une qualité qu’une aventure. C’est bien là qu’il nous appelle. Parce que nous avons la mémoire et le souffle courts, Jésus le sait bien, il nous promet l’assistance de l’Esprit Saint. Il faudra durer, et parfois endurer, c’est-à-dire durer par le dedans. Par le dedans de la volonté, mais aussi par celui du cœur. La fidélité, performance de la persévérance ou fruit de l’amour ? Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole. En un sens, cela peut sembler facile. A moins que ce ne soit plus difficile au contraire ? Tournons-nous vers Marie, elle qui a su rester fidèle jusqu’au bout, qui a su « garder avec soin ces choses-là », dans son cœur, précisément.

Diacre Patrick LAUDET