Voici comment fut engendré Jésus Christ :
Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ;
avant qu’ils aient habité ensemble,
elle fut enceinte
par l’action de l’Esprit Saint.
Joseph, son époux,
qui était un homme juste,
et ne voulait pas la dénoncer publiquement,
décida de la renvoyer en secret.
Comme il avait formé ce projet,
voici que l’ange du Seigneur
lui apparut en songe et lui dit :
« Joseph, fils de David,
ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse,
puisque l’enfant qui est engendré en elle
vient de l’Esprit Saint ;
elle enfantera un fils,
et tu lui donneras le nom de Jésus
(c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve),
car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Tout cela est arrivé
pour que soit accomplie
la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel,
qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».
Panique à l’état civil ! Trouble dans les registres … Alors ce petit ? On l’appelle comment finalement ? Jésus ou Emmanuel ? Aujourd’hui, en mairie, il faudrait choisir, ou tenter un prénom composé… En toute rigueur, et en faisant une lecture naïve du passage, on peut trouver que le prénom soufflé par l’ange au bon Joseph n’est pas exactement conforme à la prophétie d’Isaïe (7,14), dont il prétend pourtant être l’accomplissement fidèle, et dont l’évangéliste, comme pour mieux troubler le lecteur, rappelle et le détail et la traduction du prénom annoncé jadis. Dieu entre temps aurait-il changé d’avis ?
A cet enfant, il faut bien un nom d’usage. C’est au père de lui donner un prénom par lequel durant sa vie d’homme, il sera appelé. Un mot simple, Jésus, en hébreu Yeshua, « Dieu sauve », ce qui est tout un programme en effet. Cela fait partie de la kénose de Dieu, de son abaissement que de prendre chair de notre humanité et de limiter son nom saint à deux modestes syllabes. Dieu se risque donc aussi à la nomination, et à l’apostrophe, lui dont le nom était jusqu’alors sacré et imprononçable. Avec l’incarnation, voilà soudain qu’il accepte que le tétragramme se module désormais en syllabes très articulables, et par n’importe qui. Pour sa vie d’homme, un seul nom donc, comme tout un chacun. Un nom d’usage, Dieu y consent. Mais pour commencer à entrer dans son mystère, et ce dès la conception, déjà deux désignations, en palimpseste, pour nous dire à la fois que Dieu sauve, et qu’il est à jamais avec nous. Et tant d’autres choses encore, qu’il nous faudra découvrir dans l’incroyable et insondable nom de Dieu dont le développement ici ne fait que commencer.
Que Marie, en cette fête, y dispose nos cœurs et nos esprits.
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 1, 18-23)
Voici comment fut engendré Jésus Christ :
Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ;
avant qu’ils aient habité ensemble,
elle fut enceinte
par l’action de l’Esprit Saint.
Joseph, son époux,
qui était un homme juste,
et ne voulait pas la dénoncer publiquement,
décida de la renvoyer en secret.
Comme il avait formé ce projet,
voici que l’ange du Seigneur
lui apparut en songe et lui dit :
« Joseph, fils de David,
ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse,
puisque l’enfant qui est engendré en elle
vient de l’Esprit Saint ;
elle enfantera un fils,
et tu lui donneras le nom de Jésus
(c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve),
car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Tout cela est arrivé
pour que soit accomplie
la parole du Seigneur prononcée par le prophète :
Voici que la Vierge concevra,
et elle enfantera un fils ;
on lui donnera le nom d’Emmanuel,
qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».
Tu lui donneras le nom de…
Panique à l’état civil ! Trouble dans les registres … Alors ce petit ? On l’appelle comment finalement ? Jésus ou Emmanuel ? Aujourd’hui, en mairie, il faudrait choisir, ou tenter un prénom composé… En toute rigueur, et en faisant une lecture naïve du passage, on peut trouver que le prénom soufflé par l’ange au bon Joseph n’est pas exactement conforme à la prophétie d’Isaïe (7,14), dont il prétend pourtant être l’accomplissement fidèle, et dont l’évangéliste, comme pour mieux troubler le lecteur, rappelle et le détail et la traduction du prénom annoncé jadis. Dieu entre temps aurait-il changé d’avis ?
A cet enfant, il faut bien un nom d’usage. C’est au père de lui donner un prénom par lequel durant sa vie d’homme, il sera appelé. Un mot simple, Jésus, en hébreu Yeshua, « Dieu sauve », ce qui est tout un programme en effet. Cela fait partie de la kénose de Dieu, de son abaissement que de prendre chair de notre humanité et de limiter son nom saint à deux modestes syllabes. Dieu se risque donc aussi à la nomination, et à l’apostrophe, lui dont le nom était jusqu’alors sacré et imprononçable. Avec l’incarnation, voilà soudain qu’il accepte que le tétragramme se module désormais en syllabes très articulables, et par n’importe qui. Pour sa vie d’homme, un seul nom donc, comme tout un chacun. Un nom d’usage, Dieu y consent. Mais pour commencer à entrer dans son mystère, et ce dès la conception, déjà deux désignations, en palimpseste, pour nous dire à la fois que Dieu sauve, et qu’il est à jamais avec nous. Et tant d’autres choses encore, qu’il nous faudra découvrir dans l’incroyable et insondable nom de Dieu dont le développement ici ne fait que commencer.
Que Marie, en cette fête, y dispose nos cœurs et nos esprits.
Diacre Patrick LAUDET