En ce temps-là,
Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara :
« Heureux, vous les pauvres,
car le royaume de Dieu est à vous.
Heureux, vous qui avez faim maintenant,
car vous serez rassasiés.
Heureux, vous qui pleurez maintenant,
car vous rirez.
Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent
et vous excluent,
quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable,
à cause du Fils de l’homme.
Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie,
car alors votre récompense est grande dans le ciel ;
c’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes.
Mais quel malheur pour vous, les riches,
car vous avez votre consolation !
Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant,
car vous aurez faim !
Quel malheur pour vous qui riez maintenant,
car vous serez dans le deuil et vous pleurerez !
Quel malheur pour vous
lorsque tous les hommes disent du bien de vous !
C’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. »
Dieu aujourd’hui ne nous fait pas d’abord la morale, fût-elle évangélique, il veut nous ramener à la vie. Les béatitudes sont des paroles de vie, et de survie ! Comme une nouvelle Torah qui n’invalide pas l’ancienne mais l’enrichit et l’accomplit. Ce qui est bouleversant, c’est que ce n’est plus Moïse qui parle pour Dieu, de façon un peu tonitruante du haut du Sinaï, mais Dieu lui-même. Un Dieu qui, parce qu’il est Dieu, peut désormais révéler au cœur de l’exigence son incroyable douceur et sa vraie toute-puissance. Car le Mont des béatitudes, pour qui connaît ce lieu si paisible et si enchanteur de Galilée, n’a décidément rien d’un Sinaï. Les évangiles d’ailleurs se contredisent : où exactement Jésus a-t-il parlé ? Matthieu lui gardera les sommets, même modestes et, en donnant la parole à Dieu du haut d’une montagne, il veut assoir Jésus dans la chaire même de Moïse. Chez Luc, les Béatitudes ne sont pas en altitude mais sur un terrain plat. Pour délivrer un programme si intime et si cher à son cœur, Dieu descend du piédestal sacré, renonce à la montagne et au surplomb pour s’adresser aux hommes en rase campagne, comme pour mettre, c’est très émouvant, le Royaume de plain-pied, à hauteur d’homme. Sur la montagne ou à ses pieds ? En vérité, les deux évangélistes disent la même chose et révèlent un Dieu qui est surtout désireux de mettre l’espérance et le salut à portée des hommes. Et significativement, si l’évangile, jamais avare pourtant en indication topographique, ne désigne pas la géographie exacte de cette montagne que Jésus gravit pour nous parler, c’est que le moindre petit promontoire de nos existences conviendra à Jésus pour nous enseigner les Béatitudes.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 6, 20-26)
En ce temps-là,
Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara :
« Heureux, vous les pauvres,
car le royaume de Dieu est à vous.
Heureux, vous qui avez faim maintenant,
car vous serez rassasiés.
Heureux, vous qui pleurez maintenant,
car vous rirez.
Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent
et vous excluent,
quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable,
à cause du Fils de l’homme.
Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie,
car alors votre récompense est grande dans le ciel ;
c’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes.
Mais quel malheur pour vous, les riches,
car vous avez votre consolation !
Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant,
car vous aurez faim !
Quel malheur pour vous qui riez maintenant,
car vous serez dans le deuil et vous pleurerez !
Quel malheur pour vous
lorsque tous les hommes disent du bien de vous !
C’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. »
Sur un terrain plat
Dieu aujourd’hui ne nous fait pas d’abord la morale, fût-elle évangélique, il veut nous ramener à la vie. Les béatitudes sont des paroles de vie, et de survie ! Comme une nouvelle Torah qui n’invalide pas l’ancienne mais l’enrichit et l’accomplit. Ce qui est bouleversant, c’est que ce n’est plus Moïse qui parle pour Dieu, de façon un peu tonitruante du haut du Sinaï, mais Dieu lui-même. Un Dieu qui, parce qu’il est Dieu, peut désormais révéler au cœur de l’exigence son incroyable douceur et sa vraie toute-puissance. Car le Mont des béatitudes, pour qui connaît ce lieu si paisible et si enchanteur de Galilée, n’a décidément rien d’un Sinaï. Les évangiles d’ailleurs se contredisent : où exactement Jésus a-t-il parlé ? Matthieu lui gardera les sommets, même modestes et, en donnant la parole à Dieu du haut d’une montagne, il veut assoir Jésus dans la chaire même de Moïse. Chez Luc, les Béatitudes ne sont pas en altitude mais sur un terrain plat. Pour délivrer un programme si intime et si cher à son cœur, Dieu descend du piédestal sacré, renonce à la montagne et au surplomb pour s’adresser aux hommes en rase campagne, comme pour mettre, c’est très émouvant, le Royaume de plain-pied, à hauteur d’homme. Sur la montagne ou à ses pieds ? En vérité, les deux évangélistes disent la même chose et révèlent un Dieu qui est surtout désireux de mettre l’espérance et le salut à portée des hommes. Et significativement, si l’évangile, jamais avare pourtant en indication topographique, ne désigne pas la géographie exacte de cette montagne que Jésus gravit pour nous parler, c’est que le moindre petit promontoire de nos existences conviendra à Jésus pour nous enseigner les Béatitudes.
Diacre Patrick LAUDET