En ce temps-là,
comme Jésus enseignait dans le Temple,
levant les yeux, il vit les gens riches
qui mettaient leurs offrandes dans le Trésor.
Il vit aussi une veuve misérable
y mettre deux petites pièces de monnaie.
Alors il déclara :
« En vérité, je vous le dis :
cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres.
Car tous ceux-là, pour faire leur offrande,
ont pris sur leur superflu
mais elle, elle a pris sur son indigence :
elle a mis tout ce qu’elle avait pour vivre. »
On ne regarde jamais où il faut ! Est-ce étonnant qu’un des derniers enseignements de Jésus à ses disciples, tout juste avant la Pâque, soit une leçon de regard ? A regarder en effet le bazar qui régnait au Temple, il y avait de quoi se mettre en colère. Et Jésus l’a fait, pour son Père. On peut hélas ne voir que ce qui va mal. Mais pour entrevoir la sainteté, même cachée, Jésus lui a un œil de lynx ! L’obole de la veuve ! Une des rares rencontres de l’évangile, pourtant une des plus belles, qui ne donne pas lieu à un échange de paroles. Cette femme n’a peut-être jamais su à quel point elle était vue. Et vue du Christ, lui-même ! Savait-elle que, pour le meilleur de nous-mêmes, toujours, Dieu a l’œil ? Son offrande, elle l’imaginait discrète, quasi invisible. C’est bien mal connaître Dieu. Comme par urgence, Jésus appelle alors sans délai ses disciples et veut leur donner une leçon de regard. Arrêt sur image ! II les somme de contempler son geste, de garder l’empreinte rétinienne de la bouleversante offrande secrète de cette femme, à laquelle ils n’avaient sans doute pas prêté grande attention. C’est qu’elle ne donne pas de son superflu, mais tout ce qu’elle possède. Elle se donne, elle-même. Elle ne compte pas. À elle seule, elle rachète tous les trafics alentour, elles sauvent les scribes hypocrites. Au cœur du Temple saturé de magouilles, elle donne son visage de pauvre veuve au splendide visage de l’Épouse ; comme un « reste d’Israël », elle en conserve la beauté et le mystère. C’était déjà très beau et très évangélique. Cela méritait bien un rappel à l’attention auprès des apôtres. Ce que l’évangile ne dit pas, c’est s’ils ont deviné plus profond encore. En leur ouvrant les yeux sur le geste inouï de cette femme, Jésus aurait tant aimé qu’ils le devinent, lui. Il leur montrait alors en elle la belle icône de ce que lui bientôt allait faire : non pas donner son superflu, mais donner sa vie, toute sa vie. S’ils ont fini par voir la bouleversante beauté de cette femme et de son geste, ont-ils compris alors de quoi elle était le signe, et pourquoi Jésus insistait tant à la leur montrer ?
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 21, 1-4)
En ce temps-là,
comme Jésus enseignait dans le Temple,
levant les yeux, il vit les gens riches
qui mettaient leurs offrandes dans le Trésor.
Il vit aussi une veuve misérable
y mettre deux petites pièces de monnaie.
Alors il déclara :
« En vérité, je vous le dis :
cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres.
Car tous ceux-là, pour faire leur offrande,
ont pris sur leur superflu
mais elle, elle a pris sur son indigence :
elle a mis tout ce qu’elle avait pour vivre. »
Leçon de regard
On ne regarde jamais où il faut ! Est-ce étonnant qu’un des derniers enseignements de Jésus à ses disciples, tout juste avant la Pâque, soit une leçon de regard ? A regarder en effet le bazar qui régnait au Temple, il y avait de quoi se mettre en colère. Et Jésus l’a fait, pour son Père. On peut hélas ne voir que ce qui va mal. Mais pour entrevoir la sainteté, même cachée, Jésus lui a un œil de lynx ! L’obole de la veuve ! Une des rares rencontres de l’évangile, pourtant une des plus belles, qui ne donne pas lieu à un échange de paroles. Cette femme n’a peut-être jamais su à quel point elle était vue. Et vue du Christ, lui-même ! Savait-elle que, pour le meilleur de nous-mêmes, toujours, Dieu a l’œil ? Son offrande, elle l’imaginait discrète, quasi invisible. C’est bien mal connaître Dieu. Comme par urgence, Jésus appelle alors sans délai ses disciples et veut leur donner une leçon de regard. Arrêt sur image ! II les somme de contempler son geste, de garder l’empreinte rétinienne de la bouleversante offrande secrète de cette femme, à laquelle ils n’avaient sans doute pas prêté grande attention. C’est qu’elle ne donne pas de son superflu, mais tout ce qu’elle possède. Elle se donne, elle-même. Elle ne compte pas. À elle seule, elle rachète tous les trafics alentour, elles sauvent les scribes hypocrites. Au cœur du Temple saturé de magouilles, elle donne son visage de pauvre veuve au splendide visage de l’Épouse ; comme un « reste d’Israël », elle en conserve la beauté et le mystère. C’était déjà très beau et très évangélique. Cela méritait bien un rappel à l’attention auprès des apôtres. Ce que l’évangile ne dit pas, c’est s’ils ont deviné plus profond encore. En leur ouvrant les yeux sur le geste inouï de cette femme, Jésus aurait tant aimé qu’ils le devinent, lui. Il leur montrait alors en elle la belle icône de ce que lui bientôt allait faire : non pas donner son superflu, mais donner sa vie, toute sa vie. S’ils ont fini par voir la bouleversante beauté de cette femme et de son geste, ont-ils compris alors de quoi elle était le signe, et pourquoi Jésus insistait tant à la leur montrer ?
Diacre Patrick LAUDET