En ce temps-là,
comme certains parlaient du Temple,
des belles pierres et des ex-voto qui le décoraient,
Jésus leur déclara :
« Ce que vous contemplez,
des jours viendront
où il n’en restera pas pierre sur pierre :
tout sera détruit. »
Ils lui demandèrent :
« Maître, quand cela arrivera-t-il ?
Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? »
Jésus répondit :
« Prenez garde de ne pas vous laisser égarer,
car beaucoup viendront sous mon nom,
et diront : “C’est moi”,
ou encore : “Le moment est tout proche.”
Ne marchez pas derrière eux !
Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres,
ne soyez pas terrifiés :
il faut que cela arrive d’abord,
mais ce ne sera pas aussitôt la fin. »
Alors Jésus ajouta :
« On se dressera nation contre nation On se dressera nation contre nation,
royaume contre royaume.
Il y aura de grands tremblements de terre
et, en divers lieux, des famines et des épidémies ;
des phénomènes effrayants surviendront,
et de grands signes venus du ciel. »
Il faut que cela arrive d’abord. Sous l’effet d’une morale doloriste qui n’envisage le réconfort qu’après l’effort, mieux encore, après l’épreuve, la formule semble ressortir d’un Dieu un brin sadique, qui n’interviendra pour finir qu’après avoir bien laissé le monde à ses catastrophes généralisées.
Quelle nécessité à ce que cela arrive d’abord ? Dieu ne peut-il épargner l’histoire humaine ? Certes, l’affirmation de Jésus ne vise peut-être qu’une nécessité extérieure à lui, contingente à son dessein divin, simple constat prophétique dont il n’est en rien la source : l’exercice de votre liberté en fera passer le monde par-là, je le sais, je vous l’annonce, je le regrette… Interprétation rassurante, qui lave Dieu de tout soupçon, mais qui ne satisfait pas complètement. On pressent une autre nécessité, ni totalement factuelle ni mécaniquement chronologique. Il faut –mystérieusement- que cela arrive d’abord.
Car si Dieu ne veut pas le mal, il le permet. Entre soupçon de sadisme et insinuation de passivité, il faut donc lui faire confiance. Raïssa Maritain disait que Dieu sait ce qu’il permet.
Peut-être faut-il que tout le mal sorte, qu’il sorte d’abord, comme un mauvais bouton. Que le combat eschatologique aille à son terme, comme un abcès à laisser mûrir. Pas de doute qu’en bon médecin, Dieu assistera le malade jusqu’à rémission. Il lui tiendra la main, ne quittera pas son chevet. Il lui dira surtout qu’après ce d’abord, il y aura un après. Et que cela s’appelle l’espérance.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 21, 5-11)
En ce temps-là,
comme certains parlaient du Temple,
des belles pierres et des ex-voto qui le décoraient,
Jésus leur déclara :
« Ce que vous contemplez,
des jours viendront
où il n’en restera pas pierre sur pierre :
tout sera détruit. »
Ils lui demandèrent :
« Maître, quand cela arrivera-t-il ?
Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? »
Jésus répondit :
« Prenez garde de ne pas vous laisser égarer,
car beaucoup viendront sous mon nom,
et diront : “C’est moi”,
ou encore : “Le moment est tout proche.”
Ne marchez pas derrière eux !
Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres,
ne soyez pas terrifiés :
il faut que cela arrive d’abord,
mais ce ne sera pas aussitôt la fin. »
Alors Jésus ajouta :
« On se dressera nation contre nation On se dressera nation contre nation,
royaume contre royaume.
Il y aura de grands tremblements de terre
et, en divers lieux, des famines et des épidémies ;
des phénomènes effrayants surviendront,
et de grands signes venus du ciel. »
Il faut que cela arrive d’abord
Il faut que cela arrive d’abord. Sous l’effet d’une morale doloriste qui n’envisage le réconfort qu’après l’effort, mieux encore, après l’épreuve, la formule semble ressortir d’un Dieu un brin sadique, qui n’interviendra pour finir qu’après avoir bien laissé le monde à ses catastrophes généralisées.
Quelle nécessité à ce que cela arrive d’abord ? Dieu ne peut-il épargner l’histoire humaine ? Certes, l’affirmation de Jésus ne vise peut-être qu’une nécessité extérieure à lui, contingente à son dessein divin, simple constat prophétique dont il n’est en rien la source : l’exercice de votre liberté en fera passer le monde par-là, je le sais, je vous l’annonce, je le regrette… Interprétation rassurante, qui lave Dieu de tout soupçon, mais qui ne satisfait pas complètement. On pressent une autre nécessité, ni totalement factuelle ni mécaniquement chronologique. Il faut –mystérieusement- que cela arrive d’abord.
Car si Dieu ne veut pas le mal, il le permet. Entre soupçon de sadisme et insinuation de passivité, il faut donc lui faire confiance. Raïssa Maritain disait que Dieu sait ce qu’il permet.
Peut-être faut-il que tout le mal sorte, qu’il sorte d’abord, comme un mauvais bouton. Que le combat eschatologique aille à son terme, comme un abcès à laisser mûrir. Pas de doute qu’en bon médecin, Dieu assistera le malade jusqu’à rémission. Il lui tiendra la main, ne quittera pas son chevet. Il lui dira surtout qu’après ce d’abord, il y aura un après. Et que cela s’appelle l’espérance.
Diacre Patrick LAUDET