« Un jour nouveau commence, un jour connu de toi, Père, nous l’avons remis d’avance en tes mains, tel qu’il sera. » Cet hymne chante souvent en moi.

Jour nouveau, an neuf : si chaque jour est neuf et chaque an nouveau, c’est que nous ne les connaissons pas encore ; c’est qu’ils sont à accueillir et à découvrir dans leur réelle nouveauté.

  Mais de quelle nouveauté ? Selon notre subjectivité les heures et les jours peuvent nous paraitre d’une répétition lassante ou d’un épuisant changement. A moins que certains se réjouissent de la répétition et que d’autres s’enthousiasment du changement. Tout cela relève du sentiment et dans cette relativité même, nous pressentons qu’entrer dans la nouveauté doit être tout autre chose.

   Chaque année, chaque jour commence et s’offre à nous pour donner corps à ce qui attendait de naître. Ce que nous avons déjà entendu d’essentiel sur ce que vivre veut dire n’a jamais été tout entier entendu. Pour qu’il soit entendu davantage, il doit prendre corps et, pour ainsi dire, naître, dans ce temps nouveau qui nous est donné de vivre. Chaque an neuf, chaque jour, nous livre l’heure où ce que nous savons peut-être déjà, ce que nous croyons déjà, va nous toucher de façon nouvelle. Cette nouveauté ne sera peut-être pas une révolution, une innovation, un inédit mais, bien davantage, une naissance, un commencement. Alors nous nous surprenons à entendre de façon neuve ce que nous croyions avoir déjà entendu.

   Voir ainsi la vie comme un chemin qui nous conduit de naissance en naissance nous délivre de la culpabilité du passé et de l’angoisse de l’avenir. Il s’agit d’entrer dans une vie renouvelée et appelée à l’être encore. Et à plus forte raison si nous consentons à « naître d’en haut », c’est-à-dire à l’écoute d’une Parole qui n’attend que de s’incarner en nous pour nous initier à la véritable nouveauté, celle qui va nous faire naître à une nouvelle manière de voir la vie elle-même.

   Le temps nous est donné, jour après jour, année après année, pour livrer nos vies à cette inépuisable nouveauté. Alors, chaque étape de la vie a tout son poids d’humanité et de vérité. Non pas d’accomplissement immédiat, car il y a bien des tâtonnements, de essais infructueux, des refus et des échecs. Mais cela même est le lieu où la nouveauté cherche son chemin pour naître en chacun de nous. Le temps nous est donné pour cela. Sans doute faut-il du temps pour naître et renaître, et peut-être alors n’y a-t-il jamais de temps perdu ?

    Jour nouveau, an neuf : une invitation à moins nous préoccuper de ce que nous avons fait de notre vie et de ce que nous en ferons, qu’à nous disposer à accueillir ce que nous ne savons pas encore. Alors sachons dire « merci » pour ce qui fut et « oui » à ce qui vient. C’est ce que je vous souhaite en cet an neuf !

   P.ROLLIN+
Recteur de la Cathédrale Saint-Jean Baptiste