En ce temps-là,
Jésus partit et se rendit dans le territoire de Tyr.
Il était entré dans une maison,
et il ne voulait pas qu’on le sache,
mais il ne put rester inaperçu :
une femme entendit aussitôt parler de lui ;
elle avait une petite fille possédée par un esprit impur ;
elle vint se jeter à ses pieds.
Cette femme était païenne, syro-phénicienne de naissance,
et elle lui demandait d’expulser le démon hors de sa fille.
Il lui disait :
« Laisse d’abord les enfants se rassasier,
car il n’est pas bien de prendre le pain des enfants
et de le jeter aux petits chiens. »
Mais elle lui répliqua :
« Seigneur, les petits chiens, sous la table,
mangent bien les miettes des petits enfants ! »
Alors il lui dit :
« À cause de cette parole, va :
le démon est sorti de ta fille. »
Elle rentra à la maison,
et elle trouva l’enfant étendue sur le lit :
le démon était sorti d’elle.
On imagine bien la scène ! On la voit, cette femme touchante, qui n’est pas une fille d’Israël et qui pourtant se tourne vers ce jeune rabbi juif dont elle pressent qu’il peut tout. Sa petite va mal, quelques chose la tourmente, un démon possiblement, ou une pathologie que l’époque n’identifiait pas. Elle devrait s’adresser au bon guichet, là où sa condition de païenne syro-phénicienne lui donnerait plus de chance. Mais elle sent que la miséricorde de ce Dieu-là n’est pas réservée aux seuls membres. Jésus voit bien cela ! Aussi sa réponse est pour le moins étrange. Presque un peu brutale, pas vraiment sympathique. On dira que ce ne sont pas ses mots, et que tout cela est affaire d’argumentaire théologique : l’ouverture de la grâce et du salut au-delà d’Israël, de fait, est en jeu. Priorité à la conversion d’Israël, le peuple de la promesse, auquel il s’adresse en premier. Il n’empêche ! Comment comprendre sa réponse ? Moins comme une vérité en soi : d’un côté les bons petits, les enfants d’Israël, de l’autre les petits chiens ? Une discrimination bien étrangère au cœur du Christ. Plutôt comme une souriante et tendre provocation, propre à faire surgir le meilleur du cœur humble et confiant de cette pauvre femme. Les miettes pour les petits chiens, oui, elle prend ! La foi magnifique des petits chiens, à laquelle cette femme ce jour-là a donné visage et parole, il ne l’oubliera jamais ! Toutes les miettes eucharistiques dont ils ont besoin pour leur salut, il les leur donnera, à tous. Et en abondance.
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 7, 24-30)
En ce temps-là,
Jésus partit et se rendit dans le territoire de Tyr.
Il était entré dans une maison,
et il ne voulait pas qu’on le sache,
mais il ne put rester inaperçu :
une femme entendit aussitôt parler de lui ;
elle avait une petite fille possédée par un esprit impur ;
elle vint se jeter à ses pieds.
Cette femme était païenne, syro-phénicienne de naissance,
et elle lui demandait d’expulser le démon hors de sa fille.
Il lui disait :
« Laisse d’abord les enfants se rassasier,
car il n’est pas bien de prendre le pain des enfants
et de le jeter aux petits chiens. »
Mais elle lui répliqua :
« Seigneur, les petits chiens, sous la table,
mangent bien les miettes des petits enfants ! »
Alors il lui dit :
« À cause de cette parole, va :
le démon est sorti de ta fille. »
Elle rentra à la maison,
et elle trouva l’enfant étendue sur le lit :
le démon était sorti d’elle.
Aux petits chiens, des miettes !
On imagine bien la scène ! On la voit, cette femme touchante, qui n’est pas une fille d’Israël et qui pourtant se tourne vers ce jeune rabbi juif dont elle pressent qu’il peut tout. Sa petite va mal, quelques chose la tourmente, un démon possiblement, ou une pathologie que l’époque n’identifiait pas. Elle devrait s’adresser au bon guichet, là où sa condition de païenne syro-phénicienne lui donnerait plus de chance. Mais elle sent que la miséricorde de ce Dieu-là n’est pas réservée aux seuls membres. Jésus voit bien cela ! Aussi sa réponse est pour le moins étrange. Presque un peu brutale, pas vraiment sympathique. On dira que ce ne sont pas ses mots, et que tout cela est affaire d’argumentaire théologique : l’ouverture de la grâce et du salut au-delà d’Israël, de fait, est en jeu. Priorité à la conversion d’Israël, le peuple de la promesse, auquel il s’adresse en premier. Il n’empêche ! Comment comprendre sa réponse ? Moins comme une vérité en soi : d’un côté les bons petits, les enfants d’Israël, de l’autre les petits chiens ? Une discrimination bien étrangère au cœur du Christ. Plutôt comme une souriante et tendre provocation, propre à faire surgir le meilleur du cœur humble et confiant de cette pauvre femme. Les miettes pour les petits chiens, oui, elle prend ! La foi magnifique des petits chiens, à laquelle cette femme ce jour-là a donné visage et parole, il ne l’oubliera jamais ! Toutes les miettes eucharistiques dont ils ont besoin pour leur salut, il les leur donnera, à tous. Et en abondance.
Diacre Patrick LAUDET