En ce temps-là,
Jésus disait aux Juifs :
« Amen, amen, je vous le dis :
si quelqu’un garde ma parole,
jamais il ne verra la mort. »
Les Juifs lui dirent :
« Maintenant nous savons bien que tu as un démon.
Abraham est mort, les prophètes aussi,
et toi, tu dis :
“Si quelqu’un garde ma parole,
il ne connaîtra jamais la mort.”
Es-tu donc plus grand que notre père Abraham ?
Il est mort, et les prophètes aussi sont morts.
Pour qui te prends-tu ? »
Jésus répondit :
« Si je me glorifie moi-même,
ma gloire n’est rien ;
c’est mon Père qui me glorifie,
lui dont vous dites : “Il est notre Dieu”,
alors que vous ne le connaissez pas.
Moi, je le connais
et, si je dis que je ne le connais pas,
je serai comme vous, un menteur.
Mais je le connais,
et sa parole, je la garde.
Abraham votre père a exulté,
sachant qu’il verrait mon Jour.
Il l’a vu, et il s’est réjoui. »
Les Juifs lui dirent alors :
« Toi qui n’as pas encore cinquante ans,
tu as vu Abraham ! »
Jésus leur répondit :
« Amen, amen, je vous le dis :
avant qu’Abraham fût,
moi, JE SUIS. »
Alors ils ramassèrent des pierres pour les lui jeter.
Mais Jésus, en se cachant,
sortit du Temple.
On les entend rire, et de plus en plus jaune, car c’est en effet un comble, et bientôt une insupportable provocation. Tu n’as pas encore cinquante ans et tu as vu Abraham ! Comment croire que ce tout jeune rabbi, formé naguère dans une modeste échoppe de Galilée, puisse avoir jamais vu le grand Abraham ? Leur réaction pourrait être la nôtre ! Pour qui te prend- tu ? Eux bien sûr, on ne la leur fait pas ! Abraham est mort, lui lancent-ils narquoisement, et les prophètes aussi. En vérité, leur cécité est double. Bien sûr que leur absence de foi leur fait manquer le mystère même de Jésus. Ils n’imaginent pas un instant la grâce surnaturelle qui fait étrangement de lui bien plus que le charpentier de Nazareth. Nous peinons si souvent à percevoir l’infini dans le fini, le mystère dans le très ordinaire. Mais, prêtons-y attention, ils trébuchent aussi sur une autre terrible surdité, qui leur empêche tout accès au mystère : croire qu’Abraham est mort, et les prophètes avec lui ! Ils ne vivent qu’au régime de la terre, où la vie s’arrête. Ils vénèrent Abraham, pieusement mais comme un patrimoine sacré bien plus qu’un vivant. Ils ne connaissent pas encore cette vie du Ciel où les générations sont contemporaines, et où, comme au Thabor, s’entend la conversation ininterrompue de Dieu avec Moïse, Elie, Abraham et tant d’autres. Une fréquence leur manque. La fréquence d’avec les aïeux, pour une très vivante fréquentation. Beau cas d’école ici : comme si, pour bien deviner Dieu, il fallait d’abord commencer à douter sérieusement de la mort.
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 8, 51-59)
En ce temps-là,
Jésus disait aux Juifs :
« Amen, amen, je vous le dis :
si quelqu’un garde ma parole,
jamais il ne verra la mort. »
Les Juifs lui dirent :
« Maintenant nous savons bien que tu as un démon.
Abraham est mort, les prophètes aussi,
et toi, tu dis :
“Si quelqu’un garde ma parole,
il ne connaîtra jamais la mort.”
Es-tu donc plus grand que notre père Abraham ?
Il est mort, et les prophètes aussi sont morts.
Pour qui te prends-tu ? »
Jésus répondit :
« Si je me glorifie moi-même,
ma gloire n’est rien ;
c’est mon Père qui me glorifie,
lui dont vous dites : “Il est notre Dieu”,
alors que vous ne le connaissez pas.
Moi, je le connais
et, si je dis que je ne le connais pas,
je serai comme vous, un menteur.
Mais je le connais,
et sa parole, je la garde.
Abraham votre père a exulté,
sachant qu’il verrait mon Jour.
Il l’a vu, et il s’est réjoui. »
Les Juifs lui dirent alors :
« Toi qui n’as pas encore cinquante ans,
tu as vu Abraham ! »
Jésus leur répondit :
« Amen, amen, je vous le dis :
avant qu’Abraham fût,
moi, JE SUIS. »
Alors ils ramassèrent des pierres pour les lui jeter.
Mais Jésus, en se cachant,
sortit du Temple.
Les prophètes aussi sont morts.
On les entend rire, et de plus en plus jaune, car c’est en effet un comble, et bientôt une insupportable provocation. Tu n’as pas encore cinquante ans et tu as vu Abraham ! Comment croire que ce tout jeune rabbi, formé naguère dans une modeste échoppe de Galilée, puisse avoir jamais vu le grand Abraham ? Leur réaction pourrait être la nôtre ! Pour qui te prend- tu ? Eux bien sûr, on ne la leur fait pas ! Abraham est mort, lui lancent-ils narquoisement, et les prophètes aussi. En vérité, leur cécité est double. Bien sûr que leur absence de foi leur fait manquer le mystère même de Jésus. Ils n’imaginent pas un instant la grâce surnaturelle qui fait étrangement de lui bien plus que le charpentier de Nazareth. Nous peinons si souvent à percevoir l’infini dans le fini, le mystère dans le très ordinaire. Mais, prêtons-y attention, ils trébuchent aussi sur une autre terrible surdité, qui leur empêche tout accès au mystère : croire qu’Abraham est mort, et les prophètes avec lui ! Ils ne vivent qu’au régime de la terre, où la vie s’arrête. Ils vénèrent Abraham, pieusement mais comme un patrimoine sacré bien plus qu’un vivant. Ils ne connaissent pas encore cette vie du Ciel où les générations sont contemporaines, et où, comme au Thabor, s’entend la conversation ininterrompue de Dieu avec Moïse, Elie, Abraham et tant d’autres. Une fréquence leur manque. La fréquence d’avec les aïeux, pour une très vivante fréquentation. Beau cas d’école ici : comme si, pour bien deviner Dieu, il fallait d’abord commencer à douter sérieusement de la mort.
Diacre Patrick LAUDET