Jésus avait rassasié cinq mille hommes,
et ses disciples l’avaient vu marcher sur la mer.
Le lendemain, la foule restée sur l’autre rive
se rendit compte qu’il n’y avait eu là qu’une seule barque,
et que Jésus n’y était pas monté avec ses disciples,
qui étaient partis sans lui.
Cependant, d’autres barques, venant de Tibériade,
étaient arrivées près de l’endroit où l’on avait mangé le pain
après que le Seigneur eut rendu grâce.
Quand la foule vit que Jésus n’était pas là,
ni ses disciples,
les gens montèrent dans les barques
et se dirigèrent vers Capharnaüm
à la recherche de Jésus.
L’ayant trouvé sur l’autre rive, ils lui dirent :
« Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? »
Jésus leur répondit :
« Amen, amen, je vous le dis :
vous me cherchez,
non parce que vous avez vu des signes,
mais parce que vous avez mangé de ces pains
et que vous avez été rassasiés.
Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd,
mais pour la nourriture qui demeure
jusque dans la vie éternelle,
celle que vous donnera le Fils de l’homme,
lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau. »
Ils lui dirent alors :
« Que devons-nous faire
pour travailler aux œuvres de Dieu ? »
Jésus leur répondit :
« L’œuvre de Dieu,
c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. »
Hier, il n’avait pas le cœur de les laisser avoir faim. Au risque d’un succès populaire et d’une renommée qui n’est pas celle qu’il cherche, il a alors pris sur lui de multiplier les pains et de les nourrir, à grande échelle ! C’est si touchant de voir comment il prend en compte nos besoins les plus ordinaires. Mais en secret, il nous attend toujours : pas au tournant ! Mais dans une relation profonde, d’ami à ami ! Aujourd’hui ainsi, de ces pains mangés hier, à l’inverse, il leur ferait presque reproche : vous avez mangé de ces pains, vous avez été rassasiés ! Moins un reproche d’ailleurs qu’une légère tristesse : vous venez à moi parce que je vous apporte nourriture, mais qui parmi vous me devine ? Qui me voit ? Qui comprend ? Il peut arriver que ce que Dieu nous donne de bon nous empêche de le rencontrer, lui… De ne voir en lui qu’un très puissant prestataire de service. C’est si facile de manger du pain, et si difficile de voir des signes. Voir des signes ! Être attentif à lui ! De cette attention, si malaisée à notre humanité blessée et indisponible au mystère, cette attention qu’a tant méditée Simone Weil, et dont elle sait bien qu’elle est le porche le plus sûr à la prière. L’estomac plein, de fait, n’y prédispose guère. Jésus a pourtant calmé leur faim de pain, mais pour les affamer d’autre chose ! Quelle est donc cette autre nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle ? Jésus voudrait tant que nous y pensions. Sérieusement. Il voudrait tant que nous ne fassions pas seulement bombance, mais attention. Qui alors, l’ayant deviné, était prêt à manger de ce pain-là ?
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 6, 22-29)
Jésus avait rassasié cinq mille hommes,
et ses disciples l’avaient vu marcher sur la mer.
Le lendemain, la foule restée sur l’autre rive
se rendit compte qu’il n’y avait eu là qu’une seule barque,
et que Jésus n’y était pas monté avec ses disciples,
qui étaient partis sans lui.
Cependant, d’autres barques, venant de Tibériade,
étaient arrivées près de l’endroit où l’on avait mangé le pain
après que le Seigneur eut rendu grâce.
Quand la foule vit que Jésus n’était pas là,
ni ses disciples,
les gens montèrent dans les barques
et se dirigèrent vers Capharnaüm
à la recherche de Jésus.
L’ayant trouvé sur l’autre rive, ils lui dirent :
« Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? »
Jésus leur répondit :
« Amen, amen, je vous le dis :
vous me cherchez,
non parce que vous avez vu des signes,
mais parce que vous avez mangé de ces pains
et que vous avez été rassasiés.
Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd,
mais pour la nourriture qui demeure
jusque dans la vie éternelle,
celle que vous donnera le Fils de l’homme,
lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau. »
Ils lui dirent alors :
« Que devons-nous faire
pour travailler aux œuvres de Dieu ? »
Jésus leur répondit :
« L’œuvre de Dieu,
c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. »
La nourriture qui demeure
Hier, il n’avait pas le cœur de les laisser avoir faim. Au risque d’un succès populaire et d’une renommée qui n’est pas celle qu’il cherche, il a alors pris sur lui de multiplier les pains et de les nourrir, à grande échelle ! C’est si touchant de voir comment il prend en compte nos besoins les plus ordinaires. Mais en secret, il nous attend toujours : pas au tournant ! Mais dans une relation profonde, d’ami à ami ! Aujourd’hui ainsi, de ces pains mangés hier, à l’inverse, il leur ferait presque reproche : vous avez mangé de ces pains, vous avez été rassasiés ! Moins un reproche d’ailleurs qu’une légère tristesse : vous venez à moi parce que je vous apporte nourriture, mais qui parmi vous me devine ? Qui me voit ? Qui comprend ? Il peut arriver que ce que Dieu nous donne de bon nous empêche de le rencontrer, lui… De ne voir en lui qu’un très puissant prestataire de service. C’est si facile de manger du pain, et si difficile de voir des signes. Voir des signes ! Être attentif à lui ! De cette attention, si malaisée à notre humanité blessée et indisponible au mystère, cette attention qu’a tant méditée Simone Weil, et dont elle sait bien qu’elle est le porche le plus sûr à la prière. L’estomac plein, de fait, n’y prédispose guère. Jésus a pourtant calmé leur faim de pain, mais pour les affamer d’autre chose ! Quelle est donc cette autre nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle ? Jésus voudrait tant que nous y pensions. Sérieusement. Il voudrait tant que nous ne fassions pas seulement bombance, mais attention. Qui alors, l’ayant deviné, était prêt à manger de ce pain-là ?
Diacre Patrick LAUDET