En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi :
« Père saint,
garde mes disciples unis dans ton nom,
le nom que tu m’as donné,
pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes.
Quand j’étais avec eux,
je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné.
J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu,
sauf celui qui s’en va à sa perte
de sorte que l’Écriture soit accomplie.
Et maintenant que je viens à toi,
je parle ainsi, dans le monde,
pour qu’ils aient en eux ma joie,
et qu’ils en soient comblés.
Moi, je leur ai donné ta parole,
et le monde les a pris en haine
parce qu’ils n’appartiennent pas au monde,
de même que moi je n’appartiens pas au monde.
Je ne prie pas pour que tu les retires du monde,
mais pour que tu les gardes du Mauvais.
Ils n’appartiennent pas au monde,
de même que moi, je n’appartiens pas au monde.
Sanctifie-les dans la vérité :
ta parole est vérité.
De même que tu m’as envoyé dans le monde,
moi aussi, je les ai envoyés dans le monde.
Et pour eux je me sanctifie moi-même,
afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. »
Le Christ parle de nous à son Père avec une infinie sollicitude, presque comme une mère ou un père au seuil de sa mort confierait ses petits à quelqu’un de confiance. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu. Aucun, ou presque… C’est que la liberté humaine reste entière. On pense évidemment à Judas. Mais on ne saura jamais si le désespoir a vraiment eu le tout dernier mot. Cette petite phrase de Jésus permet peut-être d’en douter…
Tout a été donné. Au Golgotha tout va l’être. Et pourtant, on sent dans ses mots comme une réelle inquiétude pour nous. Le temps de l’Église va commencer, mais c’est une histoire totalement ouverte. Tout est vaincu par la Croix. Mais rien n’est joué, pour chacun de nous, et pour l’aventure humaine. Pas un de ces petits ne lui est indifférent, chacun a du prix à ses yeux. Nous pouvons nous perdre. Notre fragilité, qui mieux que lui la connaît ? Dans le monde comme il va, il sait en outre que la vie de disciple n’est pas un long fleuve tranquille. Il fait de nous à jamais des inadaptés. Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde.
Et pourtant, qui d’autre mieux que Jésus a été présent au monde, intensément ? « Quand je serai mort, dites au doux royaume de la terre que je l’aimais plus que je n’aie jamais osé le dire ». Cette confidence de Bernanos aurait pu être celle du Christ. Ce monde, il ne s’agit pas d’en avoir peur, de le mépriser, de le fuir ou de l’abandonner à lui-même, mais de l’aimer assez pour désirer qu’il ne soit pas son propre terme.
Comment donc être au monde sans être du monde ? En recevant ce que Jésus nous donne de plus éminent et peut-être de plus mystérieux, sa joie. L’élixir d’espérance. Veillons à ce que sa source en nous reste vive.
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 17, 11b-19)
En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi :
« Père saint,
garde mes disciples unis dans ton nom,
le nom que tu m’as donné,
pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes.
Quand j’étais avec eux,
je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné.
J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu,
sauf celui qui s’en va à sa perte
de sorte que l’Écriture soit accomplie.
Et maintenant que je viens à toi,
je parle ainsi, dans le monde,
pour qu’ils aient en eux ma joie,
et qu’ils en soient comblés.
Moi, je leur ai donné ta parole,
et le monde les a pris en haine
parce qu’ils n’appartiennent pas au monde,
de même que moi je n’appartiens pas au monde.
Je ne prie pas pour que tu les retires du monde,
mais pour que tu les gardes du Mauvais.
Ils n’appartiennent pas au monde,
de même que moi, je n’appartiens pas au monde.
Sanctifie-les dans la vérité :
ta parole est vérité.
De même que tu m’as envoyé dans le monde,
moi aussi, je les ai envoyés dans le monde.
Et pour eux je me sanctifie moi-même,
afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. »
Garde mes disciples unis.
Le Christ parle de nous à son Père avec une infinie sollicitude, presque comme une mère ou un père au seuil de sa mort confierait ses petits à quelqu’un de confiance. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu. Aucun, ou presque… C’est que la liberté humaine reste entière. On pense évidemment à Judas. Mais on ne saura jamais si le désespoir a vraiment eu le tout dernier mot. Cette petite phrase de Jésus permet peut-être d’en douter…
Tout a été donné. Au Golgotha tout va l’être. Et pourtant, on sent dans ses mots comme une réelle inquiétude pour nous. Le temps de l’Église va commencer, mais c’est une histoire totalement ouverte. Tout est vaincu par la Croix. Mais rien n’est joué, pour chacun de nous, et pour l’aventure humaine. Pas un de ces petits ne lui est indifférent, chacun a du prix à ses yeux. Nous pouvons nous perdre. Notre fragilité, qui mieux que lui la connaît ? Dans le monde comme il va, il sait en outre que la vie de disciple n’est pas un long fleuve tranquille. Il fait de nous à jamais des inadaptés. Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde.
Et pourtant, qui d’autre mieux que Jésus a été présent au monde, intensément ? « Quand je serai mort, dites au doux royaume de la terre que je l’aimais plus que je n’aie jamais osé le dire ». Cette confidence de Bernanos aurait pu être celle du Christ. Ce monde, il ne s’agit pas d’en avoir peur, de le mépriser, de le fuir ou de l’abandonner à lui-même, mais de l’aimer assez pour désirer qu’il ne soit pas son propre terme.
Comment donc être au monde sans être du monde ? En recevant ce que Jésus nous donne de plus éminent et peut-être de plus mystérieux, sa joie. L’élixir d’espérance. Veillons à ce que sa source en nous reste vive.
Diacre Patrick LAUDET