En ce temps-là, Jésus se mit à parler en paraboles aux chefs des prêtres, aux scribes et aux anciens : « Un homme planta une vigne, il l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et y bâtit une tour de garde. Puis il loua cette vigne à des vignerons, et partit en voyage. Le moment venu, il envoya un serviteur auprès des vignerons pour se faire remettre par eux ce qui lui revenait des fruits de la vigne. Mais les vignerons se saisirent du serviteur, le frappèrent, et le renvoyèrent les mains vides. De nouveau, il leur envoya un autre serviteur ; et celui-là, ils l’assommèrent et l’humilièrent. Il en envoya encore un autre, et celui-là, ils le tuèrent ; puis beaucoup d’autres serviteurs : ils frappèrent les uns et tuèrent les autres. Il lui restait encore quelqu’un : son fils bien-aimé. Il l’envoya vers eux en dernier, en se disant : “Ils respecteront mon fils.” Mais ces vignerons-là se dirent entre eux : “Voici l’héritier : allons-y ! tuons-le, et l’héritage va être à nous !” Ils se saisirent de lui, le tuèrent, et le jetèrent hors de la vigne. Que fera le maître de la vigne ? Il viendra, fera périr les vignerons, et donnera la vigne à d’autres. N’avez-vous pas lu ce passage de l’Écriture ? La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux ! » Les chefs du peuple cherchaient à arrêter Jésus, mais ils eurent peur de la foule. – Ils avaient bien compris en effet qu’il avait dit la parabole à leur intention. Ils le laissèrent donc et s’en allèrent.
Sous l’effet d’un antijudaïsme regrettable et de ce qu’on a appelé la « théologie de la substitution », la parabole des vignerons homicides a été trop souvent lue comme la condamnation d’Israël et son remplacement par l’Église. Quels que soient les assauts de l’Histoire contre lui, même les plus effroyables, le peuple juif demeure, enveloppé d’une mystérieuse bénédiction. Le concile Vatican II a clarifié cela. Les dons de Dieu sont sans repentance. Saint Paul affirme que l’alliance de Dieu avec Israël perdure, car Dieu est toujours fidèle à ses promesses (Rom 9, 3-4). Et la nouvelle Alliance ne supprimera jamais la première, l’Église ne remplace pas le peuple juif, pas plus qu’un second fils ne remplace un premier. Benoît XVI a même eu cette formule, profonde et novatrice : le peuple de Dieu, l’Église avec Israël.
La parabole des vignerons homicides alors ? Chrétiens ou juifs, il s’agit d’abord de porter du fruit. Ces vignerons n’ont de respect ni pour le propriétaire, ni pour ses émissaires, ni pour la vigne elle-même. Ces hommes, qui n’ont finalement de respect que pour eux-mêmes, on les connaît. Ils sont de tous les calendriers et de tous les peuples. Ils sont partout, y compris en nous. Les chrétiens n’ont pas à se croire meilleurs que les juifs. Car le salut ne sera jamais un droit ni un acquis mais une grâce à recevoir, autant qu’une tâche à accomplir.
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 12, 1-12)
En ce temps-là,
Jésus se mit à parler en paraboles
aux chefs des prêtres, aux scribes et aux anciens :
« Un homme planta une vigne,
il l’entoura d’une clôture,
y creusa un pressoir
et y bâtit une tour de garde.
Puis il loua cette vigne à des vignerons,
et partit en voyage.
Le moment venu, il envoya un serviteur auprès des vignerons
pour se faire remettre par eux
ce qui lui revenait des fruits de la vigne.
Mais les vignerons se saisirent du serviteur,
le frappèrent, et le renvoyèrent les mains vides.
De nouveau, il leur envoya un autre serviteur ;
et celui-là, ils l’assommèrent et l’humilièrent.
Il en envoya encore un autre,
et celui-là, ils le tuèrent ;
puis beaucoup d’autres serviteurs :
ils frappèrent les uns et tuèrent les autres.
Il lui restait encore quelqu’un : son fils bien-aimé.
Il l’envoya vers eux en dernier, en se disant :
“Ils respecteront mon fils.”
Mais ces vignerons-là se dirent entre eux :
“Voici l’héritier :
allons-y ! tuons-le,
et l’héritage va être à nous !”
Ils se saisirent de lui, le tuèrent,
et le jetèrent hors de la vigne.
Que fera le maître de la vigne ?
Il viendra,
fera périr les vignerons,
et donnera la vigne à d’autres.
N’avez-vous pas lu ce passage de l’Écriture ?
La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux ! »
Les chefs du peuple cherchaient à arrêter Jésus,
mais ils eurent peur de la foule.
– Ils avaient bien compris en effet
qu’il avait dit la parabole à leur intention.
Ils le laissèrent donc et s’en allèrent.
Les vignerons homicides
Sous l’effet d’un antijudaïsme regrettable et de ce qu’on a appelé la « théologie de la substitution », la parabole des vignerons homicides a été trop souvent lue comme la condamnation d’Israël et son remplacement par l’Église. Quels que soient les assauts de l’Histoire contre lui, même les plus effroyables, le peuple juif demeure, enveloppé d’une mystérieuse bénédiction. Le concile Vatican II a clarifié cela. Les dons de Dieu sont sans repentance. Saint Paul affirme que l’alliance de Dieu avec Israël perdure, car Dieu est toujours fidèle à ses promesses (Rom 9, 3-4). Et la nouvelle Alliance ne supprimera jamais la première, l’Église ne remplace pas le peuple juif, pas plus qu’un second fils ne remplace un premier. Benoît XVI a même eu cette formule, profonde et novatrice : le peuple de Dieu, l’Église avec Israël.
La parabole des vignerons homicides alors ? Chrétiens ou juifs, il s’agit d’abord de porter du fruit. Ces vignerons n’ont de respect ni pour le propriétaire, ni pour ses émissaires, ni pour la vigne elle-même. Ces hommes, qui n’ont finalement de respect que pour eux-mêmes, on les connaît. Ils sont de tous les calendriers et de tous les peuples. Ils sont partout, y compris en nous. Les chrétiens n’ont pas à se croire meilleurs que les juifs. Car le salut ne sera jamais un droit ni un acquis mais une grâce à recevoir, autant qu’une tâche à accomplir.
Diacre Patrick LAUDET