En ce temps-là, on envoya à Jésus des pharisiens et des partisans d’Hérode pour lui tendre un piège en le faisant parler, et ceux-ci vinrent lui dire : « Maître, nous le savons : tu es toujours vrai ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens, mais tu enseignes le chemin de Dieu selon la vérité. Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? Devons-nous payer, oui ou non ? » Mais lui, sachant leur hypocrisie, leur dit : « Pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? Faites-moi voir une pièce d’argent. » Ils en apportèrent une, et Jésus leur dit : « Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? – De César », répondent-ils. Jésus leur dit : « Ce qui est à César, rendez-le à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » Et ils étaient remplis d’étonnement à son sujet.
Pour reconnaître à la bonne personne la propriété d’un bien ou d’une action, l’expression est désormais proverbiale : il faut rendre à César ce qui appartient à César ! Dans l’évangile, la recommandation de Jésus est plus complexe. Il s’agit pour lui de sortir du piège tendu par les Pharisiens qui cherchent à le coincer. S’il dit oui, il sera accusé de collaborer avec l’occupant ; s’il dit non, d’être un rebelle.
Pièce en main, la pirouette est certes habile. Mais elle n’est pas qu’habileté. Même face à un piège, Jésus ne joue pas au plus malin. Avant de trouver la bonne issue, Jésus leur parle en vérité : Pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? Ont-ils eu alors assez d’oreille, et de cœur, pour mesurer l’offense, dont Jésus leur fait ici comme l’aveu ? Dans l’intonation, ont-ils entendu, plus que la vigueur d’un reproche, la confession discrète d’une blessure ? Comme si pour lui, dans l’échange tendu d’arguments où il va falloir faire preuve d’à-propos, le rapport d’amour précédait et enveloppait le rapport de force, auquel il est par eux contraint. Pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? Et qui sait si certains, là déjà, prenant soudain conscience de l’affront commis dans cette poignante question de Jésus, n’ont pas commencé à regretter âprement la leur ?
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 12, 13-17)
En ce temps-là,
on envoya à Jésus des pharisiens et des partisans d’Hérode
pour lui tendre un piège en le faisant parler,
et ceux-ci vinrent lui dire :
« Maître, nous le savons : tu es toujours vrai ;
tu ne te laisses influencer par personne,
car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens,
mais tu enseignes le chemin de Dieu selon la vérité.
Est-il permis, oui ou non,
de payer l’impôt à César, l’empereur ?
Devons-nous payer, oui ou non ? »
Mais lui, sachant leur hypocrisie, leur dit :
« Pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ?
Faites-moi voir une pièce d’argent. »
Ils en apportèrent une,
et Jésus leur dit :
« Cette effigie et cette inscription,
de qui sont-elles ?
– De César », répondent-ils.
Jésus leur dit :
« Ce qui est à César, rendez-le à César,
et à Dieu ce qui est à Dieu. »
Et ils étaient remplis d’étonnement à son sujet.
Pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ?
Pour reconnaître à la bonne personne la propriété d’un bien ou d’une action, l’expression est désormais proverbiale : il faut rendre à César ce qui appartient à César ! Dans l’évangile, la recommandation de Jésus est plus complexe. Il s’agit pour lui de sortir du piège tendu par les Pharisiens qui cherchent à le coincer. S’il dit oui, il sera accusé de collaborer avec l’occupant ; s’il dit non, d’être un rebelle.
Pièce en main, la pirouette est certes habile. Mais elle n’est pas qu’habileté. Même face à un piège, Jésus ne joue pas au plus malin. Avant de trouver la bonne issue, Jésus leur parle en vérité : Pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? Ont-ils eu alors assez d’oreille, et de cœur, pour mesurer l’offense, dont Jésus leur fait ici comme l’aveu ? Dans l’intonation, ont-ils entendu, plus que la vigueur d’un reproche, la confession discrète d’une blessure ? Comme si pour lui, dans l’échange tendu d’arguments où il va falloir faire preuve d’à-propos, le rapport d’amour précédait et enveloppait le rapport de force, auquel il est par eux contraint. Pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? Et qui sait si certains, là déjà, prenant soudain conscience de l’affront commis dans cette poignante question de Jésus, n’ont pas commencé à regretter âprement la leur ?
Diacre Patrick LAUDET