En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux. Ainsi, quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi, comme les hypocrites qui se donnent en spectacle dans les synagogues et dans les rues, pour obtenir la gloire qui vient des hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra.
Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra.
Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme les hypocrites : ils prennent une mine défaite pour bien montrer aux hommes qu’ils jeûnent. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent au plus secret ; ton Père qui voit au plus secret te le rendra. »
Agir dans le secret. Le mot revient plusieurs fois dans la bouche du Christ, pour donner en leitmotiv la note exacte de l’attitude du vrai disciple. Est-ce à dire que l’Évangile promeut, sinon la cachotterie, du moins le retrait, la réserve ? A d’autres moments, le Christ demande à ses amis d’être aussi la lumière du monde. Faut-il donc manifester sa piété et sa charité ou au contraire les dissimuler ?
Que ton aumône reste dans le secret. Faut-il en conclure que toutes nos bonnes actions doivent systématiquement se cacher, que nos efforts seront plus agréables à Dieu si lui seul les connait. Restons nuancés. L’idée est claire en vérité : il s’agit de ne pas exhiber nos tentatives de faire le bien ni d’en tirer orgueil. Mais il ne s’agit pas non plus de faire trop d’acrobaties pour les dissimuler à tout prix, jusqu’à substituer à l’artifice de l’exhibition celui de la dissimulation. En vérité, le secret dont il s’agit n’a guère à voir avec la dissimulation. Car le secret d’un être n’est pas ce qu’il cacherait aux autres. C’est plutôt tout ce qui dans sa vie est accompli dans un très profond silence, afin d’en rendre l’expression moins contestable. C’est la terre nourricière intérieure qui authentifie ses discours. C’est tout ce qui est offert dans l’intime du cœur pour que les mots n’en soient jamais que la surabondance. Le secret d’un être n’est donc nullement ce qu’il dissimule ou refuse de livrer, mais bien plutôt ce qu’il accepte de perdre devant les hommes : le tout de sa vie, et pas seulement son superflu, comme la veuve du Temple, sa vie la plus profonde et la plus renoncée. Tant d’aumônes dont Dieu seul sait de quelles misères profondes, secrètes, elles viennent parfois.
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 6, 1-6.16-18)
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Ce que vous faites pour devenir des justes,
évitez de l’accomplir devant les hommes
pour vous faire remarquer.
Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous
auprès de votre Père qui est aux cieux.
Ainsi, quand tu fais l’aumône,
ne fais pas sonner la trompette devant toi,
comme les hypocrites qui se donnent en spectacle
dans les synagogues et dans les rues,
pour obtenir la gloire qui vient des hommes.
Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense.
Mais toi, quand tu fais l’aumône,
que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite,
afin que ton aumône reste dans le secret ;
ton Père qui voit dans le secret
te le rendra.
Et quand vous priez,
ne soyez pas comme les hypocrites :
ils aiment à se tenir debout
dans les synagogues et aux carrefours
pour bien se montrer aux hommes quand ils prient.
Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense.
Mais toi, quand tu pries,
retire-toi dans ta pièce la plus retirée,
ferme la porte,
et prie ton Père qui est présent dans le secret ;
ton Père qui voit dans le secret
te le rendra.
Et quand vous jeûnez,
ne prenez pas un air abattu, comme les hypocrites :
ils prennent une mine défaite
pour bien montrer aux hommes qu’ils jeûnent.
Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense.
Mais toi, quand tu jeûnes,
parfume-toi la tête et lave-toi le visage ;
ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes,
mais seulement de ton Père qui est présent au plus secret ;
ton Père qui voit au plus secret
te le rendra. »
Au plus secret
Agir dans le secret. Le mot revient plusieurs fois dans la bouche du Christ, pour donner en leitmotiv la note exacte de l’attitude du vrai disciple. Est-ce à dire que l’Évangile promeut, sinon la cachotterie, du moins le retrait, la réserve ? A d’autres moments, le Christ demande à ses amis d’être aussi la lumière du monde. Faut-il donc manifester sa piété et sa charité ou au contraire les dissimuler ?
Que ton aumône reste dans le secret. Faut-il en conclure que toutes nos bonnes actions doivent systématiquement se cacher, que nos efforts seront plus agréables à Dieu si lui seul les connait. Restons nuancés. L’idée est claire en vérité : il s’agit de ne pas exhiber nos tentatives de faire le bien ni d’en tirer orgueil. Mais il ne s’agit pas non plus de faire trop d’acrobaties pour les dissimuler à tout prix, jusqu’à substituer à l’artifice de l’exhibition celui de la dissimulation. En vérité, le secret dont il s’agit n’a guère à voir avec la dissimulation. Car le secret d’un être n’est pas ce qu’il cacherait aux autres. C’est plutôt tout ce qui dans sa vie est accompli dans un très profond silence, afin d’en rendre l’expression moins contestable. C’est la terre nourricière intérieure qui authentifie ses discours. C’est tout ce qui est offert dans l’intime du cœur pour que les mots n’en soient jamais que la surabondance. Le secret d’un être n’est donc nullement ce qu’il dissimule ou refuse de livrer, mais bien plutôt ce qu’il accepte de perdre devant les hommes : le tout de sa vie, et pas seulement son superflu, comme la veuve du Temple, sa vie la plus profonde et la plus renoncée. Tant d’aumônes dont Dieu seul sait de quelles misères profondes, secrètes, elles viennent parfois.
Diacre Patrick LAUDET