En ce temps-là,
Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples,
et il déclara :
« Les scribes et les pharisiens enseignent
dans la chaire de Moïse.
Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire,
faites-le et observez-le.
Mais n’agissez pas d’après leurs actes,
car ils disent et ne font pas.
Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter,
et ils en chargent les épaules des gens ;
mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt.
Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens :
ils élargissent leurs phylactères
et rallongent leurs franges ;
ils aiment les places d’honneur dans les dîners,
les sièges d’honneur dans les synagogues
et les salutations sur les places publiques ;
ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi.
Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi,
car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner,
et vous êtes tous frères.
Ne donnez à personne sur terre le nom de père,
car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux.
Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres,
car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ.
Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.
Qui s’élèvera sera abaissé,
qui s’abaissera sera élevé. »
Curieuse injonction de Jésus, qui cependant prend sens aujourd’hui, avec tous les abus que nous savons. A une époque où paradoxalement la paternité fait souvent défaut, comment comprendre un tel principe de sagesse et de précaution ? Ne donnez à personne le nom de père. En vérité, ne vous laissez jamais manipuler au nom d’une domination soi-disant paternelle mais perverse qui vous fera abdiquer toute conscience et toute liberté. Toute vraie paternité en effet est toujours une paternité de service et non de domination, elle vise la vie et la liberté. Mais quel usage sur terre faisons-nous hélas de cette si belle charge ? Ne donnez à personne le nom de père Oui, veillons à purifier cette tentation en ne réservant ultimement ce beau nom qu’à Dieu seul, et pas forcément à ses représentants, qui peuvent hélas en mésuser. Quelle merveille d’ailleurs que Dieu se soit révélé à nous comme père. Dieu n’est donc pas un être lointain et flou. Dieu père ! C’est que la paternité n’est pas ni un attribut de pouvoir, ni un titre : un service, et peut-être une croix, mystérieuse. Comme le dit Péguy, au-delà de lui-même, tout père est toujours exposé à toutes les tempêtes mauvaises, il est atteint dans les grandes largeurs dans chacun de ses enfants. Avec toute sa progéniture, il navigue à voiles déployées et en eux reçoit tous les assauts. Il arrive même parfois qu’il faille voir son enfant en croix. Qui sait sinon Dieu ce que vit le père quand le fils est en croix…
Ne donnez à personne le nom de père. Le nom de Père est un beau nom mais un nom d’emprunt qui durera le temps du service. Un nom pour le temps de la terre, qui passera. Au ciel, de même qu’il n’y a plus ni époux ni épouse, il n’y aura ainsi plus ni père ni enfants. Et quand on a été père le temps d’une croissance, c’est un émouvant avant-goût du Royaume que d’entrer en vraie fraternité humaine avec ses propres enfants ! Ne donnez à personne le nom de père ! Oui, prudence et mesure. Mais visons alors sans réserve le nom de frère : un nom qui, pour l’éternité, a sans doute beaucoup plus ses chances !
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 23, 1-12)
En ce temps-là,
Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples,
et il déclara :
« Les scribes et les pharisiens enseignent
dans la chaire de Moïse.
Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire,
faites-le et observez-le.
Mais n’agissez pas d’après leurs actes,
car ils disent et ne font pas.
Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter,
et ils en chargent les épaules des gens ;
mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt.
Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens :
ils élargissent leurs phylactères
et rallongent leurs franges ;
ils aiment les places d’honneur dans les dîners,
les sièges d’honneur dans les synagogues
et les salutations sur les places publiques ;
ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi.
Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi,
car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner,
et vous êtes tous frères.
Ne donnez à personne sur terre le nom de père,
car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux.
Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres,
car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ.
Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.
Qui s’élèvera sera abaissé,
qui s’abaissera sera élevé. »
Ne donnez à personne sur terre le nom de père
Curieuse injonction de Jésus, qui cependant prend sens aujourd’hui, avec tous les abus que nous savons. A une époque où paradoxalement la paternité fait souvent défaut, comment comprendre un tel principe de sagesse et de précaution ? Ne donnez à personne le nom de père. En vérité, ne vous laissez jamais manipuler au nom d’une domination soi-disant paternelle mais perverse qui vous fera abdiquer toute conscience et toute liberté. Toute vraie paternité en effet est toujours une paternité de service et non de domination, elle vise la vie et la liberté. Mais quel usage sur terre faisons-nous hélas de cette si belle charge ? Ne donnez à personne le nom de père Oui, veillons à purifier cette tentation en ne réservant ultimement ce beau nom qu’à Dieu seul, et pas forcément à ses représentants, qui peuvent hélas en mésuser. Quelle merveille d’ailleurs que Dieu se soit révélé à nous comme père. Dieu n’est donc pas un être lointain et flou. Dieu père ! C’est que la paternité n’est pas ni un attribut de pouvoir, ni un titre : un service, et peut-être une croix, mystérieuse. Comme le dit Péguy, au-delà de lui-même, tout père est toujours exposé à toutes les tempêtes mauvaises, il est atteint dans les grandes largeurs dans chacun de ses enfants. Avec toute sa progéniture, il navigue à voiles déployées et en eux reçoit tous les assauts. Il arrive même parfois qu’il faille voir son enfant en croix. Qui sait sinon Dieu ce que vit le père quand le fils est en croix…
Ne donnez à personne le nom de père. Le nom de Père est un beau nom mais un nom d’emprunt qui durera le temps du service. Un nom pour le temps de la terre, qui passera. Au ciel, de même qu’il n’y a plus ni époux ni épouse, il n’y aura ainsi plus ni père ni enfants. Et quand on a été père le temps d’une croissance, c’est un émouvant avant-goût du Royaume que d’entrer en vraie fraternité humaine avec ses propres enfants ! Ne donnez à personne le nom de père ! Oui, prudence et mesure. Mais visons alors sans réserve le nom de frère : un nom qui, pour l’éternité, a sans doute beaucoup plus ses chances !
Diacre Patrick LAUDET