Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 4, 31-37)

En ce temps-là,
Jésus descendit à Capharnaüm, ville de Galilée,
et il y enseignait, le jour du sabbat.
On était frappé par son enseignement
car sa parole était pleine d’autorité.
Or, il y avait dans la synagogue
un homme possédé par l’esprit d’un démon impur,
qui se mit à crier d’une voix forte :
« Ah ! que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ?
Es-tu venu pour nous perdre ?
Je sais qui tu es :
tu es le Saint de Dieu. »
Jésus le menaça :
« Silence ! Sors de cet homme. »
Alors le démon projeta l’homme en plein milieu
et sortit de lui sans lui faire aucun mal.
Tous furent saisis d’effroi et ils se disaient entre eux :
« Quelle est cette parole ?
Il commande avec autorité et puissance
aux esprits impurs,
et ils sortent ! »
Et la réputation de Jésus se propageait dans toute la région.

Je sais qui tu es.

Pas facile d’enseigner… Jésus n’échappe pas aux difficultés du métier qui sont parfois pédagogiques, sociales, ou culturelles mais, et peut-être plus souvent qu’on imagine, spirituelles. Rien de plus compliqué en effet que d’ouvrir les oreilles (et les cœurs !) à ceux qui font tout pour les garder bouchées, ou bien encombrées. Qui d’ailleurs prête vraiment l’oreille ? Écoute Israël ! La grande supplication de Dieu… Mais Israël, et l’humanité alentour a, comme le cœur, les oreilles dures et bouchées et ne veut décidément rien entendre.

   Il arrive aussi qu’à qui enseigne, des oppositions d’une autre nature se fassent jour. Celle notamment, méphistophélique, de l’esprit qui toujours nie. Ce n’est alors pas de simple obstruction qu’il s’agit, mais d’une opposition réelle, métaphysique. Elle peut être sournoise ou parfois violente. Violente, comme ce matin-là à Nazareth. Une opposition nourrie d’intuitions surnaturelles. Une opposition qui sait et ne se méprend pas, elle a la foi des démons et une clairvoyance impeccable : je sais qui tu es, tu es le Saint de Dieu ! Une confession de foi qui aurait eu quelque chose de bouleversant et de prophétique si la joie en était la source. Mais l’acrimonie l’empoisonne, la haine la pollue et la rend agressive. L’altercation alors remplace l’acclamation et l’homme possédé stigmatise l’insupportable et désigne Jésus à l’assistance : es-tu venu pour nous perdre ?

Depuis le serpent de l’Eden, toujours le même mensonge et la même perversion des paroles de grâce.  Nous perdre, plutôt que nous sauver ? Sauf à bien comprendre que le nous du possédé ne réfère qu’aux démons, que Jésus expulse et dont il libère les hommes.

Diacre Patrick LAUDET

Diacre Patrick LAUDET