En ce temps-là, Jésus disait :
« Malheureuse es-tu, Corazine !
Malheureuse es-tu, Bethsaïde !
Car, si les miracles qui ont eu lieu chez vous
avaient eu lieu à Tyr et à Sidon,
il y a longtemps que leurs habitants
auraient fait pénitence, avec le sac et la cendre.
D’ailleurs, Tyr et Sidon
seront mieux traitées que vous lors du Jugement.
Et toi, Capharnaüm, seras-tu élevée jusqu’au ciel ?
Non, jusqu’au séjour des morts tu descendras !
Celui qui vous écoute
m’écoute ;
celui qui vous rejette
me rejette ;
et celui qui me rejette
rejette celui qui m’a envoyé. »
La passion égalitaire qui caractérise nos sociétés nous rend difficiles certaines paroles du Christ, qu’on préfère en doux apôtre de la Paix plutôt qu’en Dieu vrai et exigeant. On a même rêvé d’expurger certains passages violents ou affirmations déroutantes de Jésus qui viennent parfois contrarier l’image mystico-plaisante qu’on préfèrerait de lui.
Comparés à Tyr et Sidon, Corazine, Bethsaïde et Capharnaüm font ici les frais d’un authentique emportement divin. Dans ce bas monde, tout le monde n’est donc pas ni beau ni gentil : et la menace pour eux est bien réelle. S’adressant à Capharnaüm, Jésus ne mâche ainsi pas ses mots, dans ce qui ressemble à une malédiction : « Tu descendras jusqu’au séjour des morts ! ». Bien plutôt un avertissement, anxieux qu’il est du salut d’une petite ville qu’il aime.
C’est qu’il prend très au sérieux les libertés humaines. Et personne mieux que le Dieu qui les a conçues ne le sait si bien : s’il nous a créés sans nous, il ne nous sauvera pas sans nous. Désormais, la vie, la vie éternelle a son chemin mais la mort a aussi le sien. C’est ainsi. En un sens, Dieu lui-même n’y peut rien, sinon que d’en appeler, inlassablement, à la conversion. De quoi s’agit-il ? Comme Tyr ou Sidon (qui n’étaient pas des villes saintes), il suffit de faire pénitence, c’est-à-dire de s’accabler de nos misères. Avec le sac et le cendre, prendre un deuil. Celui de notre péché et de la mort qu’il entraine, en abandonnant tout au Christ : c’est à la fois peu, et beaucoup. Restera-t-il alors des lieux réfractaires à l’amour ? Certains noms, que Jésus avait tout spécialement à cœur, ont commencé assez vite à secrètement le lui transpercer.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 10, 13-16)
En ce temps-là, Jésus disait :
« Malheureuse es-tu, Corazine !
Malheureuse es-tu, Bethsaïde !
Car, si les miracles qui ont eu lieu chez vous
avaient eu lieu à Tyr et à Sidon,
il y a longtemps que leurs habitants
auraient fait pénitence, avec le sac et la cendre.
D’ailleurs, Tyr et Sidon
seront mieux traitées que vous lors du Jugement.
Et toi, Capharnaüm, seras-tu élevée jusqu’au ciel ?
Non, jusqu’au séjour des morts tu descendras !
Celui qui vous écoute
m’écoute ;
celui qui vous rejette
me rejette ;
et celui qui me rejette
rejette celui qui m’a envoyé. »
Diversité des territoires
La passion égalitaire qui caractérise nos sociétés nous rend difficiles certaines paroles du Christ, qu’on préfère en doux apôtre de la Paix plutôt qu’en Dieu vrai et exigeant. On a même rêvé d’expurger certains passages violents ou affirmations déroutantes de Jésus qui viennent parfois contrarier l’image mystico-plaisante qu’on préfèrerait de lui.
Comparés à Tyr et Sidon, Corazine, Bethsaïde et Capharnaüm font ici les frais d’un authentique emportement divin. Dans ce bas monde, tout le monde n’est donc pas ni beau ni gentil : et la menace pour eux est bien réelle. S’adressant à Capharnaüm, Jésus ne mâche ainsi pas ses mots, dans ce qui ressemble à une malédiction : « Tu descendras jusqu’au séjour des morts ! ». Bien plutôt un avertissement, anxieux qu’il est du salut d’une petite ville qu’il aime.
C’est qu’il prend très au sérieux les libertés humaines. Et personne mieux que le Dieu qui les a conçues ne le sait si bien : s’il nous a créés sans nous, il ne nous sauvera pas sans nous. Désormais, la vie, la vie éternelle a son chemin mais la mort a aussi le sien. C’est ainsi. En un sens, Dieu lui-même n’y peut rien, sinon que d’en appeler, inlassablement, à la conversion. De quoi s’agit-il ? Comme Tyr ou Sidon (qui n’étaient pas des villes saintes), il suffit de faire pénitence, c’est-à-dire de s’accabler de nos misères. Avec le sac et le cendre, prendre un deuil. Celui de notre péché et de la mort qu’il entraine, en abandonnant tout au Christ : c’est à la fois peu, et beaucoup. Restera-t-il alors des lieux réfractaires à l’amour ? Certains noms, que Jésus avait tout spécialement à cœur, ont commencé assez vite à secrètement le lui transpercer.
Diacre Patrick LAUDET