Après le départ des mages,
voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph
et lui dit :
« Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère,
et fuis en Égypte.
Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse,
car Hérode va rechercher l’enfant
pour le faire périr. »
Joseph se leva ;
dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère,
et se retira en Égypte,
où il resta jusqu’à la mort d’Hérode,
pour que soit accomplie
la parole du Seigneur prononcée par le prophète : D’Égypte, j’ai appelé mon fils.
Alors Hérode, voyant que les mages s’étaient moqués de lui,
entra dans une violente fureur.
Il envoya tuer tous les enfants jusqu’à l’âge de deux ans
à Bethléem et dans toute la région,
d’après la date qu’il s’était fait préciser par les mages.
Alors fut accomplie la parole prononcée
par le prophète Jérémie : Un cri s’élève dans Rama, pleurs et longue plainte : c’est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas être consolée, car ils ne sont plus.
L’enfant qui perd ses parents est orphelin mais quel mot pour désigner la souffrance d’un père ou d’une mère (en est-il de pire ?) qui perd son enfant ? Rachel à jamais leur donne son nom, et Rama, plus qu’une ville de Judée, c’est le retentissement ininterrompu d’une douleur inconsolable que tant d’hommes et de femmes connaissent. Son refus de consolation n’est pas entêtement, mais fidélité. Rachel a enfanté Jacob, puis Benjamin, et est morte en couche. A titre personnel donc, Rachel n’a jamais eu à verser ces larmes-là. Jérémie puis Matthieu ont pourtant fait d’elle la figure prophétique de la mère qui pleure à jamais et attend une consolation authentique. A jamais, elle a donné son nom à la grande déchirure du cœur, celle de perdre son enfant. Les larmes de Rachel sont questions ; elle ne veut pas, par des paroles mondaines et trop humaines, qu’on rende la mort viable. Pas de consolation facile ! Pleurs très eschatologiques que ceux de Rachel ! Elle veut plus, elle nous oblige à attendre davantage, à attendre tout. Le cœur de Dieu aussi est à Rama, et il ne cesse d’entendre Rachel. Jésus enfant échappe lui au massacre des innocents, et la douleur de Rachel, pour l’heure, est épargnée à ses parents. Par la méchanceté d’Hérode qui ordonne le massacre des innocents, elle ne le sera hélas pas à toutes ces familles à qui la simple venue au monde de Dieu a arraché leur petit. Toujours et toujours, au fil de l’histoire humaine, les larmes de Rachel coulent. Elles couleront. Au pied de la Croix, ces larmes-là ont aussi coulé dans les yeux de Marie. Et dans le Siracide (35-18), ce si bouleversant verset : Les larmes de la veuve ne coulent-elles pas sur ses joues ? Oui, c’est sur le visage même de Dieu que coulent aussi les larmes de Rachel.
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 2, 13-18)
Après le départ des mages,
voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph
et lui dit :
« Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère,
et fuis en Égypte.
Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse,
car Hérode va rechercher l’enfant
pour le faire périr. »
Joseph se leva ;
dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère,
et se retira en Égypte,
où il resta jusqu’à la mort d’Hérode,
pour que soit accomplie
la parole du Seigneur prononcée par le prophète :
D’Égypte, j’ai appelé mon fils.
Alors Hérode, voyant que les mages s’étaient moqués de lui,
entra dans une violente fureur.
Il envoya tuer tous les enfants jusqu’à l’âge de deux ans
à Bethléem et dans toute la région,
d’après la date qu’il s’était fait préciser par les mages.
Alors fut accomplie la parole prononcée
par le prophète Jérémie :
Un cri s’élève dans Rama,
pleurs et longue plainte :
c’est Rachel qui pleure ses enfants
et ne veut pas être consolée,
car ils ne sont plus.
Les larmes de Rachel
L’enfant qui perd ses parents est orphelin mais quel mot pour désigner la souffrance d’un père ou d’une mère (en est-il de pire ?) qui perd son enfant ? Rachel à jamais leur donne son nom, et Rama, plus qu’une ville de Judée, c’est le retentissement ininterrompu d’une douleur inconsolable que tant d’hommes et de femmes connaissent. Son refus de consolation n’est pas entêtement, mais fidélité. Rachel a enfanté Jacob, puis Benjamin, et est morte en couche. A titre personnel donc, Rachel n’a jamais eu à verser ces larmes-là. Jérémie puis Matthieu ont pourtant fait d’elle la figure prophétique de la mère qui pleure à jamais et attend une consolation authentique. A jamais, elle a donné son nom à la grande déchirure du cœur, celle de perdre son enfant. Les larmes de Rachel sont questions ; elle ne veut pas, par des paroles mondaines et trop humaines, qu’on rende la mort viable. Pas de consolation facile ! Pleurs très eschatologiques que ceux de Rachel ! Elle veut plus, elle nous oblige à attendre davantage, à attendre tout. Le cœur de Dieu aussi est à Rama, et il ne cesse d’entendre Rachel. Jésus enfant échappe lui au massacre des innocents, et la douleur de Rachel, pour l’heure, est épargnée à ses parents. Par la méchanceté d’Hérode qui ordonne le massacre des innocents, elle ne le sera hélas pas à toutes ces familles à qui la simple venue au monde de Dieu a arraché leur petit. Toujours et toujours, au fil de l’histoire humaine, les larmes de Rachel coulent. Elles couleront. Au pied de la Croix, ces larmes-là ont aussi coulé dans les yeux de Marie. Et dans le Siracide (35-18), ce si bouleversant verset : Les larmes de la veuve ne coulent-elles pas sur ses joues ? Oui, c’est sur le visage même de Dieu que coulent aussi les larmes de Rachel.
Diacre Patrick LAUDET