En ce temps-là, tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, le fils de Timée, Bartimée, un aveugle qui mendiait, était assis au bord du chemin. Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! » Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire, mais il criait de plus belle : « Fils de David, prends pitié de moi ! » Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle donc l’aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle. » L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus. Prenant la parole, Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » L’aveugle lui dit : « Rabbouni, que je retrouve la vue ! » Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé. » Aussitôt l’homme retrouva la vue, et il suivait Jésus sur le chemin.
On imagine bien la scène : un mendiant aveugle, assis sur le talus de la route. Il y en a tant, on ne leur prête même plus attention. A la sortie de Jéricho, il faisait maintenant partie du paysage. Il composait le décor. Qui le voyait encore ? S’il mendiait un peu, il y a bien longtemps qu’il ne demandait plus rien. Sans doute lui-même s’était-il résigné à n’être plus désormais, de la vie et de l’activité de cette petite bourgade pleine de vitalité, qu’un bien pâle figurant. Sur tous les talus de la résignation, nous sommes hélas nombreux. Comme Bartimée, on finit par s’accommoder de notre misère. On fait de notre infirmité majeure notre ordinaire. Mais c’est oublier que le cœur de l’homme réserve bien des surprises, et bien des sursauts ! Et cela s’appelle l’espérance. Ce jour-là, à Jéricho, il y avait une cohue inhabituelle. Un jeune rabbi vient de faire un tabac ! A faire ainsi le buzz, il n’est sans doute pas le premier. L’aveugle, si j’ose dire, en a vu d’autres ! Mais c’est… Jésus de Nazareth. Et notre aveugle : il ne voit peut-être pas, mais il a de l’oreille ! Jésus de Nazareth ! Un nom un peu différent des autres. Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth, l’aveugle, précise l’évangile, se mit à crier (oui, à crier !) : Fils de David, prends pitié de moi ! Sa détresse, il y a si longtemps qu’il n’avait plus personne à qui la crier comme ça ! Des voies évidemment s’élèvent pour le faire taire, pour le renvoyer dans les cordes ordinaires de sa résignation. Mais lui, comme dit l’évangile, criait de plus belle. De plus belle !… Oui, comme elle est belle, au cœur de toutes nos démissions, l’insurrection soudaine de la vie, la ténacité de l’espérance qui retrouve son chemin dans le maquis souvent épais de nos capitulations : Fils de David, prends pitié de moi ! Jésus aimante en nous l’espérance : et lui aussi, il a de l’oreille, et ne s’y trompe pas ! Il est illico touché, au cœur, en plein cœur. Jamais un tel cri ne glissera sur lui. Ce cri de l’homme qui implore, il le hante. Car plus qu’un opportunisme de bord de chemin, c’est bien, présentée à Dieu, cette ininterrompue supplication humaine en souffrance, qu’aux portes de Jéricho, Jésus entend une fois de plus, et qui le bouleverse tant.
Les voilà donc face à face : prenant la parole, Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Ce qu’il doit faire pour lui ? Comme s’il ne le savait pas… Merveilleuse tendresse que le lui demander. Et stupéfiante délicatesse divine que de ne jamais rien faire par magie, ou par pur exercice de toute puissance, sans qu’une demande libre venant de nous précède son intervention. Dieu est à ce point délicat qu’il attend même nos demandes les plus ensablées et, de cet homme, l’autorisation de faire pour lui un miracle !
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 10, 46b-52)
En ce temps-là,
tandis que Jésus sortait de Jéricho
avec ses disciples et une foule nombreuse,
le fils de Timée, Bartimée, un aveugle qui mendiait,
était assis au bord du chemin.
Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth,
il se mit à crier :
« Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! »
Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire,
mais il criait de plus belle :
« Fils de David, prends pitié de moi ! »
Jésus s’arrête et dit :
« Appelez-le. »
On appelle donc l’aveugle, et on lui dit :
« Confiance, lève-toi ;
il t’appelle. »
L’aveugle jeta son manteau,
bondit et courut vers Jésus.
Prenant la parole, Jésus lui dit :
« Que veux-tu que je fasse pour toi ? »
L’aveugle lui dit :
« Rabbouni, que je retrouve la vue ! »
Et Jésus lui dit :
« Va, ta foi t’a sauvé. »
Aussitôt l’homme retrouva la vue,
et il suivait Jésus sur le chemin.
De plus belle !
On imagine bien la scène : un mendiant aveugle, assis sur le talus de la route. Il y en a tant, on ne leur prête même plus attention. A la sortie de Jéricho, il faisait maintenant partie du paysage. Il composait le décor. Qui le voyait encore ? S’il mendiait un peu, il y a bien longtemps qu’il ne demandait plus rien. Sans doute lui-même s’était-il résigné à n’être plus désormais, de la vie et de l’activité de cette petite bourgade pleine de vitalité, qu’un bien pâle figurant. Sur tous les talus de la résignation, nous sommes hélas nombreux. Comme Bartimée, on finit par s’accommoder de notre misère. On fait de notre infirmité majeure notre ordinaire. Mais c’est oublier que le cœur de l’homme réserve bien des surprises, et bien des sursauts ! Et cela s’appelle l’espérance. Ce jour-là, à Jéricho, il y avait une cohue inhabituelle. Un jeune rabbi vient de faire un tabac ! A faire ainsi le buzz, il n’est sans doute pas le premier. L’aveugle, si j’ose dire, en a vu d’autres ! Mais c’est… Jésus de Nazareth. Et notre aveugle : il ne voit peut-être pas, mais il a de l’oreille ! Jésus de Nazareth ! Un nom un peu différent des autres. Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth, l’aveugle, précise l’évangile, se mit à crier (oui, à crier !) : Fils de David, prends pitié de moi ! Sa détresse, il y a si longtemps qu’il n’avait plus personne à qui la crier comme ça ! Des voies évidemment s’élèvent pour le faire taire, pour le renvoyer dans les cordes ordinaires de sa résignation. Mais lui, comme dit l’évangile, criait de plus belle. De plus belle !… Oui, comme elle est belle, au cœur de toutes nos démissions, l’insurrection soudaine de la vie, la ténacité de l’espérance qui retrouve son chemin dans le maquis souvent épais de nos capitulations : Fils de David, prends pitié de moi ! Jésus aimante en nous l’espérance : et lui aussi, il a de l’oreille, et ne s’y trompe pas ! Il est illico touché, au cœur, en plein cœur. Jamais un tel cri ne glissera sur lui. Ce cri de l’homme qui implore, il le hante. Car plus qu’un opportunisme de bord de chemin, c’est bien, présentée à Dieu, cette ininterrompue supplication humaine en souffrance, qu’aux portes de Jéricho, Jésus entend une fois de plus, et qui le bouleverse tant.
Les voilà donc face à face : prenant la parole, Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Ce qu’il doit faire pour lui ? Comme s’il ne le savait pas… Merveilleuse tendresse que le lui demander. Et stupéfiante délicatesse divine que de ne jamais rien faire par magie, ou par pur exercice de toute puissance, sans qu’une demande libre venant de nous précède son intervention. Dieu est à ce point délicat qu’il attend même nos demandes les plus ensablées et, de cet homme, l’autorisation de faire pour lui un miracle !
Diacre Patrick LAUDET