En ce temps-là,
les disciples de Jésus lui dirent :
« Voici que tu parles ouvertement
et non plus en images.
Maintenant nous savons que tu sais toutes choses,
et tu n’as pas besoin qu’on t’interroge :
voilà pourquoi nous croyons que tu es sorti de Dieu. »
Jésus leur répondit :
« Maintenant vous croyez !
Voici que l’heure vient – déjà elle est venue –
où vous serez dispersés chacun de son côté,
et vous me laisserez seul ;
mais je ne suis pas seul,
puisque le Père est avec moi.
Je vous ai parlé ainsi,
afin qu’en moi vous ayez la paix.
Dans le monde, vous avez à souffrir,
mais courage !
Moi, je suis vainqueur du monde. »
Il faudra savoir ! Soit elle vient, soit elle est venue ! Principe de non-contradiction, sur lequel des esprits trop logiques achopperont. En vérité, l’air de rien, cette petite incise dans le discours poignant de Jésus à ce moment-là est une révélation discrète mais vraiment cruciale. Cette heure qui vient, c’est sa passion, bien sûr, c’est l’événement historique d’un noir vendredi au Golgotha où sur une croix, Dieu fait homme va donner sa vie. Oui, cette heure-là est désormais imminente, elle approche. Mais ce moment tragique n’est pas un accident, ni le triste dénouement d’une affaire qui a soudain mal tourné. Elle est le fruit mystérieux d’un don éperdu de Dieu qui remonte loin, si loin. La Croix n’a pas attendu la Croix, le don fou d’amour de Jésus n’a pas attendu le final de sa mise à mort. Cette heure, le savions-nous assez, était là, elle était déjà venue. Comme un filigrane bouleversant à toute l’incarnation. Il est bon de relire un évangile entier avec cet exergue-là, pour percevoir, à quel point, à chaque moment de la vie du Christ, cette heure n’est pas qu’un terme fatal à l’histoire et à son dénouement mais bien plutôt la clé de tout son mystère. La Croix bien comprise commence avant la Croix ! Dans cette petite incise, Jésus espère que nous devinions à quel point, partout, il a déjà secrètement donné sa vie. Oui, cette heure qui vient était donc en vérité déjà venue, et avec quelle intensité. En lui donc, une source essentielle : celle d’un déjà-là et d’un pas-encore, véritable clé de la révélation, et ADN du Royaume. Un déjà-là et un pas-encore ! Pulsation profonde de la vie chrétienne, tension féconde de son espérance. Car il en va ainsi du Royaume : il vient, mais il est déjà venu.
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 16, 29-33)
En ce temps-là,
les disciples de Jésus lui dirent :
« Voici que tu parles ouvertement
et non plus en images.
Maintenant nous savons que tu sais toutes choses,
et tu n’as pas besoin qu’on t’interroge :
voilà pourquoi nous croyons que tu es sorti de Dieu. »
Jésus leur répondit :
« Maintenant vous croyez !
Voici que l’heure vient – déjà elle est venue –
où vous serez dispersés chacun de son côté,
et vous me laisserez seul ;
mais je ne suis pas seul,
puisque le Père est avec moi.
Je vous ai parlé ainsi,
afin qu’en moi vous ayez la paix.
Dans le monde, vous avez à souffrir,
mais courage !
Moi, je suis vainqueur du monde. »
L’heure vient, elle est déjà venue.
Il faudra savoir ! Soit elle vient, soit elle est venue ! Principe de non-contradiction, sur lequel des esprits trop logiques achopperont. En vérité, l’air de rien, cette petite incise dans le discours poignant de Jésus à ce moment-là est une révélation discrète mais vraiment cruciale. Cette heure qui vient, c’est sa passion, bien sûr, c’est l’événement historique d’un noir vendredi au Golgotha où sur une croix, Dieu fait homme va donner sa vie. Oui, cette heure-là est désormais imminente, elle approche. Mais ce moment tragique n’est pas un accident, ni le triste dénouement d’une affaire qui a soudain mal tourné. Elle est le fruit mystérieux d’un don éperdu de Dieu qui remonte loin, si loin. La Croix n’a pas attendu la Croix, le don fou d’amour de Jésus n’a pas attendu le final de sa mise à mort. Cette heure, le savions-nous assez, était là, elle était déjà venue. Comme un filigrane bouleversant à toute l’incarnation. Il est bon de relire un évangile entier avec cet exergue-là, pour percevoir, à quel point, à chaque moment de la vie du Christ, cette heure n’est pas qu’un terme fatal à l’histoire et à son dénouement mais bien plutôt la clé de tout son mystère. La Croix bien comprise commence avant la Croix ! Dans cette petite incise, Jésus espère que nous devinions à quel point, partout, il a déjà secrètement donné sa vie. Oui, cette heure qui vient était donc en vérité déjà venue, et avec quelle intensité. En lui donc, une source essentielle : celle d’un déjà-là et d’un pas-encore, véritable clé de la révélation, et ADN du Royaume. Un déjà-là et un pas-encore ! Pulsation profonde de la vie chrétienne, tension féconde de son espérance. Car il en va ainsi du Royaume : il vient, mais il est déjà venu.
Diacre Patrick LAUDET