En ce temps-là,
Jésus entra dans un village.
Une femme nommée Marthe le reçut.
Elle avait une sœur appelée Marie
qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur,
écoutait sa parole.
Quant à Marthe, elle était accaparée
par les multiples occupations du service.
Elle intervint et dit :
« Seigneur, cela ne te fait rien
que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ?
Dis-lui donc de m’aider. »
Le Seigneur lui répondit :
« Marthe, Marthe,
tu te donnes du souci et tu t’agites
pour bien des choses.
Une seule est nécessaire.
Marie a choisi la meilleure part,
elle ne lui sera pas enlevée. »
Une cigale attentive, une fourmi ici généreuse, voilà une petite fable évangélique dont la morale n’est finalement pas si simple. L’une est assise, sponsale, buvant la Parole. C’est l’immobile et éternelle Marie, celle qui sait aussi verser larmes et parfum. L’autre industrieuse, toute donnée au service, est un peu accaparée. L’une donc était l’oreille, l’autre la main. Et voilà que la main contre l’oreille s’emporte, et le corps tout entier alors a mal. À défaire soudain, un nœud : un rien d’amertume, et l’énergie tout à coup circule mal dans le corps-disciple, divisé désormais et désarticulé. Il y a plusieurs membres, et cependant un seul corps. Et la main ne peut dire à l’oreille : Je n’ai pas besoin de toi (1 Co 12, 19-21). Jésus se fait donc ici ostéopathe, pour redonner unité au corps. Quelle est la bonne part, quelle est la bonne place ? Entendons le bien : il a un faible pour Marie, mais il a aussi un faible pour Marthe. Quelle tendresse dans la double apostrophe qu’il lui réserve ! Il ne choisit pas entre elles, mais recentre tout dans l’amour. L’amour qui unifie, pour que les deux sœurs redeviennent vraiment un seul cœur et une seule âme (Ap 4, 32). Personne n’est donc dispensé d’activité, ni du service. Mais comme dans « L’hymne à La charité » de Saint Paul, à quoi bon toutes nos occupations, et même les plus vertueuses, s’il nous manque l’amour ? Et la charité n’est pas un sentiment, mais un placement : s’assoir au pied de Jésus et boire ses paroles désaltérantes, afin de n’être jamais sec ! Ne pas perdre la source, ni s’en éloigner. S’abreuver. Vraiment rien à voir avoir la supériorité d’un état de vie sur un autre ! Il est évidemment des moines très accaparés par leurs affaires, et des mères de famille qui sont de vraies contemplatives.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 10, 38-42)
En ce temps-là,
Jésus entra dans un village.
Une femme nommée Marthe le reçut.
Elle avait une sœur appelée Marie
qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur,
écoutait sa parole.
Quant à Marthe, elle était accaparée
par les multiples occupations du service.
Elle intervint et dit :
« Seigneur, cela ne te fait rien
que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ?
Dis-lui donc de m’aider. »
Le Seigneur lui répondit :
« Marthe, Marthe,
tu te donnes du souci et tu t’agites
pour bien des choses.
Une seule est nécessaire.
Marie a choisi la meilleure part,
elle ne lui sera pas enlevée. »
Une seul est nécessaire
Une cigale attentive, une fourmi ici généreuse, voilà une petite fable évangélique dont la morale n’est finalement pas si simple. L’une est assise, sponsale, buvant la Parole. C’est l’immobile et éternelle Marie, celle qui sait aussi verser larmes et parfum. L’autre industrieuse, toute donnée au service, est un peu accaparée. L’une donc était l’oreille, l’autre la main. Et voilà que la main contre l’oreille s’emporte, et le corps tout entier alors a mal. À défaire soudain, un nœud : un rien d’amertume, et l’énergie tout à coup circule mal dans le corps-disciple, divisé désormais et désarticulé. Il y a plusieurs membres, et cependant un seul corps. Et la main ne peut dire à l’oreille : Je n’ai pas besoin de toi (1 Co 12, 19-21). Jésus se fait donc ici ostéopathe, pour redonner unité au corps. Quelle est la bonne part, quelle est la bonne place ? Entendons le bien : il a un faible pour Marie, mais il a aussi un faible pour Marthe. Quelle tendresse dans la double apostrophe qu’il lui réserve ! Il ne choisit pas entre elles, mais recentre tout dans l’amour. L’amour qui unifie, pour que les deux sœurs redeviennent vraiment un seul cœur et une seule âme (Ap 4, 32). Personne n’est donc dispensé d’activité, ni du service. Mais comme dans « L’hymne à La charité » de Saint Paul, à quoi bon toutes nos occupations, et même les plus vertueuses, s’il nous manque l’amour ? Et la charité n’est pas un sentiment, mais un placement : s’assoir au pied de Jésus et boire ses paroles désaltérantes, afin de n’être jamais sec ! Ne pas perdre la source, ni s’en éloigner. S’abreuver. Vraiment rien à voir avoir la supériorité d’un état de vie sur un autre ! Il est évidemment des moines très accaparés par leurs affaires, et des mères de famille qui sont de vraies contemplatives.
Diacre Patrick LAUDET