En ce temps-là,
les disciples avaient oublié d’emporter des pains ;
ils n’avaient qu’un seul pain avec eux dans la barque.
Or Jésus leur faisait cette recommandation :
« Attention ! Prenez garde au levain des pharisiens
et au levain d’Hérode ! »
Mais ils discutaient entre eux sur ce manque de pains.
Jésus s’en rend compte et leur dit :
« Pourquoi discutez-vous sur ce manque de pains ?
Vous ne saisissez pas ? Vous ne comprenez pas encore ?
Vous avez le cœur endurci ? Vous avez des yeux et vous ne voyez pas,
vous avez des oreilles et vous n’entendez pas !
Vous ne vous rappelez pas ?
Quand j’ai rompu les cinq pains pour cinq mille personnes,
combien avez-vous ramassé
de paniers pleins de morceaux ? »
Ils lui répondirent :
« Douze.
– Et quand j’en ai rompu sept pour quatre mille,
combien avez-vous rempli de corbeilles
en ramassant les morceaux ? »
Ils lui répondirent :
« Sept. »
Il leur disait :
« Vous ne comprenez pas encore ? »
Pauvres apôtres ! Qu’ils soient tête en l’air, passe encore. On sait bien que, dans l’aventure de sa grâce, Dieu n’a jamais craint, et dès le début, d’engager des bons à rien, qui n’ont d’autre gloire que d’avoir sa touchante confiance, aussi tenace qu’imméritée. On apprend ainsi, au détour du récit qui semble en sourire, qu’ils ont oublié d’emporter les pains. Dans la barque, tant pis pour eux, un seul pain à se partager ! Pas très « doggy-bag », ces apôtres ! Il ne leur en fait pas reproche. Pourtant, Jésus comprend que les restes de la multiplication des pains pour eux sont bien indigents. Après ce qu’ils viennent de vivre, qui n’est pas qu’une affaire de boulangerie, il ne reste vraiment pas grand-chose … Jésus essaie alors d’ouvrir leur cœur, de voir s’ils commencent à comprendre. Mais rien à faire. Ils ne pigent rien, sont toujours à coté de la plaque. Ils étaient quand même assez bien placés. Ils devraient finir par deviner, devancer l’explicitation de tout ce à quoi ils assistent. Peine perdue : des bons gars mais qui ne captent rien ! Vous ne comprenez donc pas encore ? La question vaut pour eux comme pour nous. Dieu nous voudrait au sanctuaire de son mystère, et on reste coincé dans la prosaïque boulangerie de notre si courte vue. Vous ne comprenez donc pas encore ? Dieu pourtant fait tous les efforts de la terre, et même du ciel ! Vous ne comprenez donc pas encore ? Pas tant un reproche que l’expression furtive d’une tristesse. C’est qu’il arrive à Dieu de se sentir bien seul.
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 8, 14-21)
En ce temps-là,
les disciples avaient oublié d’emporter des pains ;
ils n’avaient qu’un seul pain avec eux dans la barque.
Or Jésus leur faisait cette recommandation :
« Attention ! Prenez garde au levain des pharisiens
et au levain d’Hérode ! »
Mais ils discutaient entre eux sur ce manque de pains.
Jésus s’en rend compte et leur dit :
« Pourquoi discutez-vous sur ce manque de pains ?
Vous ne saisissez pas ? Vous ne comprenez pas encore ?
Vous avez le cœur endurci ?
Vous avez des yeux et vous ne voyez pas,
vous avez des oreilles et vous n’entendez pas !
Vous ne vous rappelez pas ?
Quand j’ai rompu les cinq pains pour cinq mille personnes,
combien avez-vous ramassé
de paniers pleins de morceaux ? »
Ils lui répondirent :
« Douze.
– Et quand j’en ai rompu sept pour quatre mille,
combien avez-vous rempli de corbeilles
en ramassant les morceaux ? »
Ils lui répondirent :
« Sept. »
Il leur disait :
« Vous ne comprenez pas encore ? »
Vous ne comprenez donc pas encore ?
Pauvres apôtres ! Qu’ils soient tête en l’air, passe encore. On sait bien que, dans l’aventure de sa grâce, Dieu n’a jamais craint, et dès le début, d’engager des bons à rien, qui n’ont d’autre gloire que d’avoir sa touchante confiance, aussi tenace qu’imméritée. On apprend ainsi, au détour du récit qui semble en sourire, qu’ils ont oublié d’emporter les pains. Dans la barque, tant pis pour eux, un seul pain à se partager ! Pas très « doggy-bag », ces apôtres ! Il ne leur en fait pas reproche. Pourtant, Jésus comprend que les restes de la multiplication des pains pour eux sont bien indigents. Après ce qu’ils viennent de vivre, qui n’est pas qu’une affaire de boulangerie, il ne reste vraiment pas grand-chose … Jésus essaie alors d’ouvrir leur cœur, de voir s’ils commencent à comprendre. Mais rien à faire. Ils ne pigent rien, sont toujours à coté de la plaque. Ils étaient quand même assez bien placés. Ils devraient finir par deviner, devancer l’explicitation de tout ce à quoi ils assistent. Peine perdue : des bons gars mais qui ne captent rien ! Vous ne comprenez donc pas encore ? La question vaut pour eux comme pour nous. Dieu nous voudrait au sanctuaire de son mystère, et on reste coincé dans la prosaïque boulangerie de notre si courte vue. Vous ne comprenez donc pas encore ? Dieu pourtant fait tous les efforts de la terre, et même du ciel ! Vous ne comprenez donc pas encore ? Pas tant un reproche que l’expression furtive d’une tristesse. C’est qu’il arrive à Dieu de se sentir bien seul.
Diacre Patrick LAUDET