En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Lorsque vous priez,
ne rabâchez pas comme les païens :
ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés.
Ne les imitez donc pas,
car votre Père sait de quoi vous avez besoin,
avant même que vous l’ayez demandé.
Vous donc, priez ainsi :
Notre Père, qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite
sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Remets-nous nos dettes,
comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes
à nos débiteurs.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation,
mais délivre-nous du Mal.
Car, si vous pardonnez aux hommes leurs fautes,
votre Père céleste vous pardonnera aussi.
Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes,
votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes. »
Moins une injonction qu’un grand désir qu’il a dans le cœur : que notre prière ne soit jamais rabâchage, qu’elle soit vraie. Pas si simple. Bien sûr que le Notre Père peut finir par se fossiliser : on peut aussi le rabâcher ! Ou proportionner son efficacité à la quantité proférée. On ne dit pas Notre Père, on dit des Notre Père. Car comptabiliser, c’est rabâcher : c’est cela, être païen ! Être chrétien, c’est ne jamais compter. Et pas davantage les Notre Père ! Compte-t-on ses paroles d’amour ? Pour désensabler la source, il est toujours bon de relire dans l’évangile ces lignes où l’on voit Jésus lui-même nous le donner. Car il va jusque-là ! Et cette prière qui va devenir la prière chrétienne, il la met au nous. Un pronom personnel qu’il connaît bien : il a pour lui une telle résonnance trinitaire. Pour introduire l’Église à un très grand mystère de communion, le choix discret mais décisif d’un pluriel.
La prière n’est pas là pour donner des informations à Dieu mais pour garder vive en nous la confiance filiale et la foi en un Dieu Père, qui sait nos besoins. Moins une affaire de rabâchage stérile que d’encordage salutaire. Avec une sollicitude infinie et une tendresse toute fraternelle, à la prière ordinaire, Jésus a donc donné un modèle. Il a mis ses mots à lui, pour qu’ils deviennent les nôtres. Comme si, les ayant prononcés un jour, il suppléerait en nous chaque fois que nous les rabâcherons un peu. Le nous, c’est surtout lui qui secrètement le vivifie. C’est lui qui en vérité y met l’amour.
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 6, 7-15)
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Lorsque vous priez,
ne rabâchez pas comme les païens :
ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés.
Ne les imitez donc pas,
car votre Père sait de quoi vous avez besoin,
avant même que vous l’ayez demandé.
Vous donc, priez ainsi :
Notre Père, qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite
sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Remets-nous nos dettes,
comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes
à nos débiteurs.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation,
mais délivre-nous du Mal.
Car, si vous pardonnez aux hommes leurs fautes,
votre Père céleste vous pardonnera aussi.
Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes,
votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes. »
Ne rabâchez pas.
Moins une injonction qu’un grand désir qu’il a dans le cœur : que notre prière ne soit jamais rabâchage, qu’elle soit vraie. Pas si simple. Bien sûr que le Notre Père peut finir par se fossiliser : on peut aussi le rabâcher ! Ou proportionner son efficacité à la quantité proférée. On ne dit pas Notre Père, on dit des Notre Père. Car comptabiliser, c’est rabâcher : c’est cela, être païen ! Être chrétien, c’est ne jamais compter. Et pas davantage les Notre Père ! Compte-t-on ses paroles d’amour ? Pour désensabler la source, il est toujours bon de relire dans l’évangile ces lignes où l’on voit Jésus lui-même nous le donner. Car il va jusque-là ! Et cette prière qui va devenir la prière chrétienne, il la met au nous. Un pronom personnel qu’il connaît bien : il a pour lui une telle résonnance trinitaire. Pour introduire l’Église à un très grand mystère de communion, le choix discret mais décisif d’un pluriel.
La prière n’est pas là pour donner des informations à Dieu mais pour garder vive en nous la confiance filiale et la foi en un Dieu Père, qui sait nos besoins. Moins une affaire de rabâchage stérile que d’encordage salutaire. Avec une sollicitude infinie et une tendresse toute fraternelle, à la prière ordinaire, Jésus a donc donné un modèle. Il a mis ses mots à lui, pour qu’ils deviennent les nôtres. Comme si, les ayant prononcés un jour, il suppléerait en nous chaque fois que nous les rabâcherons un peu. Le nous, c’est surtout lui qui secrètement le vivifie. C’est lui qui en vérité y met l’amour.
Diacre Patrick LAUDET