Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 7, 6.12-14)

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
    « Ne donnez pas aux chiens ce qui est sacré ;
ne jetez pas vos perles aux pourceaux,
de peur qu’ils ne les piétinent,
puis se retournent pour vous déchirer. 

    Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous,
faites-le pour eux, vous aussi :
voilà ce que disent la Loi et les Prophètes. 

    Entrez par la porte étroite.
Elle est grande, la porte,
il est large, le chemin
qui conduit à la perdition ;
et ils sont nombreux, ceux qui s’y engagent.
    Mais elle est étroite, la porte,
il est resserré, le chemin
qui conduit à la vie ;
et ils sont peu nombreux, ceux qui le trouvent. » 

La porte étroite 

Elle est étroite, la porte, il est resserré, le chemin qui conduit à la vie. Jésus n’est pas un gourou démagogue, ni un vendeur de paradis à peu de frais. L’aventure humaine, autant que la liberté et la responsabilité de ceux à qui il s’adresse, il les prend au sérieux. Le Royaume de Dieu est déjà là, mais il lui manque encore notre part. A la beauté de l’édifice, notre pierre fait défaut : unique, chacun de nos visages ; unique, chacune de nos pierres (ou de nos perles). Jésus nous appelle donc à le suivre avec vaillance. C’est qu’il y a d’autres portes, plus somptueuses. D’autres chemins, tellement plus faciles et séduisants. Jésus le sait bien. « Elle est étroite, la porte, il est resserré, le chemin qui conduit à la vie ».  

Certains, du coup, ont voulu transformer cet avertissement d’amour en critère impitoyable de sélection. Les jansénistes, qui réservaient le salut à un petit nombre de prédestinés, s’obsédaient de cette étroitesse du seuil, brandissant la menace que certains fatalement ne passeraient jamais. Aujourd’hui, selon la chanson, on irait plutôt tous au paradis… 

Faut-il la redouter, cette porte ? Dans les murailles des cités anciennes, la porte étroite, plus ou moins dérobée, était une petite porte ouverte à ceux qui arrivaient tard et pour qui les grandes portes de la cité étaient fermées. Une porte de miséricorde, déjà…  

L’étroitesse, croyons-le, est moins là pour exclure le grand nombre qui s’y embouteillerait en vain que pour inviter chacun, à l’endroit même du passage, à se faire « tout petit ». Le moment venu, comme disait Bernanos, c’est l’enfant que nous avons été qui nous prendra par la main pour nous ouvrir le chemin, et pour passer une porte que Jésus lui-même n’a pas refusé de franchir. 

 

Diacre Patrick LAUDET

Diacre Patrick LAUDET