En ce temps-là, Pierre se mit à dire à Jésus : « Voici que nous avons tout quitté pour te suivre. » Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle. Beaucoup de premiers seront derniers, et les derniers seront les premiers. »
Attachant ce Pierre ! Des accents de syndicaliste qui fait valoir sinon les droits des apôtres, du moins leur don effectif pour le suivre, qui, c’est vrai, n’est pas mince. Petite piqûre de rappel auprès du maître, comme si Jésus pouvait oublier le sacrifice consenti : voici que nous avons tout quitté pour te suivre ! Des accents implicites d’un : quand même ! Chez Pierre, l’espace d’un instant, un petit retour furtif sur ce qu’il en a coûté, le frôlement d’un léger doute sur ce qu’on a vraiment gagner à tout ça… Pierre se mit à dire, dit l’évangile : c’est merveilleux d’humanité, comme si ça lui échappait. Jésus va répondre, bien sûr ; une vraie réponse, claire, qui n’édulcore rien ! Le gain ? Des persécutions, en effet, il ne les dissimule pas, mais une famille élargie, en ce temps-là déjà, et surtout la vie éternelle : récompense colossale en vérité mais peut-être encore bien abstraite pour colmater le petit coup de blues de Pierre. A-t-il été rasséréné ? Devant son petit passage à vide, le plus touchant peut-être dans la réponse de Jésus, c’est de voir combien il ne s’agace pas de cette petite revendication à peine contenue et de ce léger manque de foi passager. Pour mieux les entendre et les accueillir, il les déploie même, il en orchestre le sacrifice réel. Il ne craint pas la douloureuse énumération de ce tout donné que pudiquement Pierre n’avait pas osé égrener : lui, il entre dans le détail, Pour dire le tout d’une offrande, il n’oublie rien de ce qui concrètement la compose et communie réellement à l’arrachement éprouvé. Trente années à Nazareth, une enfance et une vie d’homme, il en sait le prix : lui aussi, comme personne, il savait bien ce qu’il en coûte de quitter une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre.
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 10, 28-31)
En ce temps-là,
Pierre se mit à dire à Jésus :
« Voici que nous avons tout quitté
pour te suivre. »
Jésus déclara :
« Amen, je vous le dis :
nul n’aura quitté,
à cause de moi et de l’Évangile,
une maison, des frères, des sœurs,
une mère, un père, des enfants ou une terre
sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple :
maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres,
avec des persécutions,
et, dans le monde à venir,
la vie éternelle.
Beaucoup de premiers seront derniers,
et les derniers seront les premiers. »
Nous avons tout quitté
Attachant ce Pierre ! Des accents de syndicaliste qui fait valoir sinon les droits des apôtres, du moins leur don effectif pour le suivre, qui, c’est vrai, n’est pas mince. Petite piqûre de rappel auprès du maître, comme si Jésus pouvait oublier le sacrifice consenti : voici que nous avons tout quitté pour te suivre ! Des accents implicites d’un : quand même ! Chez Pierre, l’espace d’un instant, un petit retour furtif sur ce qu’il en a coûté, le frôlement d’un léger doute sur ce qu’on a vraiment gagner à tout ça… Pierre se mit à dire, dit l’évangile : c’est merveilleux d’humanité, comme si ça lui échappait. Jésus va répondre, bien sûr ; une vraie réponse, claire, qui n’édulcore rien ! Le gain ? Des persécutions, en effet, il ne les dissimule pas, mais une famille élargie, en ce temps-là déjà, et surtout la vie éternelle : récompense colossale en vérité mais peut-être encore bien abstraite pour colmater le petit coup de blues de Pierre. A-t-il été rasséréné ? Devant son petit passage à vide, le plus touchant peut-être dans la réponse de Jésus, c’est de voir combien il ne s’agace pas de cette petite revendication à peine contenue et de ce léger manque de foi passager. Pour mieux les entendre et les accueillir, il les déploie même, il en orchestre le sacrifice réel. Il ne craint pas la douloureuse énumération de ce tout donné que pudiquement Pierre n’avait pas osé égrener : lui, il entre dans le détail, Pour dire le tout d’une offrande, il n’oublie rien de ce qui concrètement la compose et communie réellement à l’arrachement éprouvé. Trente années à Nazareth, une enfance et une vie d’homme, il en sait le prix : lui aussi, comme personne, il savait bien ce qu’il en coûte de quitter une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre.
Diacre Patrick LAUDET