En ce temps-là, Jean, l’un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. » Jésus répondit : « Ne l’en empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ; celui qui n’est pas contre nous est pour nous. »
Émouvants apôtres, bien empressés à faire respecter le droit d’auteur et assurer le copyright. Créer tout de suite du licite et de l’illicite, réflexe tellement humain ! Ils croyaient bien faire sans doute, ils se voulaient bons défenseurs de l’orthodoxie, zélés gardiens du privilège. Quelqu’un expulse les démons au nom du Christ ? Usurpation d’identité ! Pratique indue. Pour ces braves juifs, attentifs aux bons usages, soucieux de veiller à ce qui est casher et ce qui ne l’est pas, il s’agit alors d’empêcher. Et c’est Jean, pas le moindre des apôtres, qui ici parle au nom de tous ! Jésus les corrige alors fraternellement. Faire clan, décider qui en est et qui n’en n’est pas, décréter ce qui est conforme et ce qui ne l’est pas, Jésus le sait bien : ce sera une tendance lourde de toutes les communautés religieuses, parfois avec les meilleures intentions. Jésus leur demande alors de lever leur prévention. Ne les empêchez pas ! Il use d’abord d’un argument logique, formule une hypothèse en forme de supputation : celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas aussitôt après parler mal de moi. On imagine volontiers le regard dubitatif de tel ou tel apôtre, qui a quand même du mal à faire confiance jusqu’au bout ! En es-tu bien sûr Seigneur ? Mais surtout : celui qui n’est pas contre nous est pour nous. Une phrase bien plus mystérieuse, pour leur entrouvrir déjà le grand mystère de l’Église. L’Église, ni un club, ni un organigramme. Qui en est, qui n’en est pas ? Par quel effet de la grâce il suffit de ne pas être contre pour aussitôt être pour. Il est des raccourcis qui nous échappent parfois. Où sont les frontières ? Décidément, Dieu a le cœur plus grand que nous : dans nos petites mesures, il devine souvent de bien plus grandes proportions. Une fois encore, la mesure, il nous invite à l’excéder.
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 9, 38-40)
En ce temps-là,
Jean, l’un des Douze, disait à Jésus :
« Maître, nous avons vu quelqu’un
expulser les démons en ton nom ;
nous l’en avons empêché,
car il n’est pas de ceux qui nous suivent. »
Jésus répondit :
« Ne l’en empêchez pas,
car celui qui fait un miracle en mon nom
ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ;
celui qui n’est pas contre nous
est pour nous. »
Ne les empêchez pas !
Émouvants apôtres, bien empressés à faire respecter le droit d’auteur et assurer le copyright. Créer tout de suite du licite et de l’illicite, réflexe tellement humain ! Ils croyaient bien faire sans doute, ils se voulaient bons défenseurs de l’orthodoxie, zélés gardiens du privilège. Quelqu’un expulse les démons au nom du Christ ? Usurpation d’identité ! Pratique indue. Pour ces braves juifs, attentifs aux bons usages, soucieux de veiller à ce qui est casher et ce qui ne l’est pas, il s’agit alors d’empêcher. Et c’est Jean, pas le moindre des apôtres, qui ici parle au nom de tous ! Jésus les corrige alors fraternellement. Faire clan, décider qui en est et qui n’en n’est pas, décréter ce qui est conforme et ce qui ne l’est pas, Jésus le sait bien : ce sera une tendance lourde de toutes les communautés religieuses, parfois avec les meilleures intentions. Jésus leur demande alors de lever leur prévention. Ne les empêchez pas ! Il use d’abord d’un argument logique, formule une hypothèse en forme de supputation : celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas aussitôt après parler mal de moi. On imagine volontiers le regard dubitatif de tel ou tel apôtre, qui a quand même du mal à faire confiance jusqu’au bout ! En es-tu bien sûr Seigneur ? Mais surtout : celui qui n’est pas contre nous est pour nous. Une phrase bien plus mystérieuse, pour leur entrouvrir déjà le grand mystère de l’Église. L’Église, ni un club, ni un organigramme. Qui en est, qui n’en est pas ? Par quel effet de la grâce il suffit de ne pas être contre pour aussitôt être pour. Il est des raccourcis qui nous échappent parfois. Où sont les frontières ? Décidément, Dieu a le cœur plus grand que nous : dans nos petites mesures, il devine souvent de bien plus grandes proportions. Une fois encore, la mesure, il nous invite à l’excéder.
Diacre Patrick LAUDET