Ce jour-là, Jésus était sorti de la maison,
et il était assis au bord de la mer.
Auprès de lui se rassemblèrent des foules si grandes
qu’il monta dans une barque où il s’assit ;
toute la foule se tenait sur le rivage.
Il leur dit beaucoup de choses en paraboles :
« Voici que le semeur sortit pour semer.
Comme il semait,
des grains sont tombés au bord du chemin,
et les oiseaux sont venus tout manger.
D’autres sont tombés sur le sol pierreux,
où ils n’avaient pas beaucoup de terre ;
ils ont levé aussitôt,
parce que la terre était peu profonde.
Le soleil s’étant levé, ils ont brûlé
et, faute de racines, ils ont séché.
D’autres sont tombés dans les ronces ;
les ronces ont poussé et les ont étouffés.
D’autres sont tombés dans la bonne terre,
et ils ont donné du fruit
à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un.
Celui qui a des oreilles,
qu’il entende ! »
Toute parabole est exigeante. Il ne s’agit pas de se laisser porter par le seul charme d’une histoire. Elle a une pointe, un sens caché qu’il s’agit de bien comprendre, de bien entendre. Elle s’adresse moins à l’imagination qu’aux oreilles, organe spirituel majeur dont il n’est pas sûr, contrairement à ce que laisse croire la nature, que nous en soyons tous suffisamment dotés : « Celui qui a des oreilles, qu’il entende » !
Est-ce à dire que la parabole est une façon agréable de nous faire la leçon en contrebande ? Ainsi de la parabole du semeur, dont la morale est assez explicite sur les dons de la grâce, les effets de la parole de Dieu. Trois cas de figure bien clairs : un sol pierreux, des ronces, de la bonne terre. Un résultat imparable, et une invitation à l’auditeur qui a de bonnes oreilles à être somme toute comme une bonne terre, plutôt qu’un sol pierreux et infertile. Ce pourrait être une fable de La Fontaine.
Mais l’Évangile n’est pas un recueil de fables. Ce qui se cache dans une parabole, c’est bien moins une morale qu’un visage, en creux, un être mystérieux qui laisse deviner qui il est. Ainsi, quel est donc ce semeur, qui connaissant pourtant les terres, sème à tous vents, autant dans les mauvaises terres que les bonnes. Qui sème à grains perdus, sur les grandes largeurs, au détriment des usages les plus élémentaires d’une semaison raisonnable. Qui donc est ce semeur fou, qui répand sa miséricorde indépendamment du mérite ? Celui qui a de bonnes oreilles, qu’il l’entende !
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 13, 1-9)
Ce jour-là, Jésus était sorti de la maison,
et il était assis au bord de la mer.
Auprès de lui se rassemblèrent des foules si grandes
qu’il monta dans une barque où il s’assit ;
toute la foule se tenait sur le rivage.
Il leur dit beaucoup de choses en paraboles :
« Voici que le semeur sortit pour semer.
Comme il semait,
des grains sont tombés au bord du chemin,
et les oiseaux sont venus tout manger.
D’autres sont tombés sur le sol pierreux,
où ils n’avaient pas beaucoup de terre ;
ils ont levé aussitôt,
parce que la terre était peu profonde.
Le soleil s’étant levé, ils ont brûlé
et, faute de racines, ils ont séché.
D’autres sont tombés dans les ronces ;
les ronces ont poussé et les ont étouffés.
D’autres sont tombés dans la bonne terre,
et ils ont donné du fruit
à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un.
Celui qui a des oreilles,
qu’il entende ! »
Le semeur fou
Toute parabole est exigeante. Il ne s’agit pas de se laisser porter par le seul charme d’une histoire. Elle a une pointe, un sens caché qu’il s’agit de bien comprendre, de bien entendre. Elle s’adresse moins à l’imagination qu’aux oreilles, organe spirituel majeur dont il n’est pas sûr, contrairement à ce que laisse croire la nature, que nous en soyons tous suffisamment dotés : « Celui qui a des oreilles, qu’il entende » !
Est-ce à dire que la parabole est une façon agréable de nous faire la leçon en contrebande ? Ainsi de la parabole du semeur, dont la morale est assez explicite sur les dons de la grâce, les effets de la parole de Dieu. Trois cas de figure bien clairs : un sol pierreux, des ronces, de la bonne terre. Un résultat imparable, et une invitation à l’auditeur qui a de bonnes oreilles à être somme toute comme une bonne terre, plutôt qu’un sol pierreux et infertile. Ce pourrait être une fable de La Fontaine.
Mais l’Évangile n’est pas un recueil de fables. Ce qui se cache dans une parabole, c’est bien moins une morale qu’un visage, en creux, un être mystérieux qui laisse deviner qui il est. Ainsi, quel est donc ce semeur, qui connaissant pourtant les terres, sème à tous vents, autant dans les mauvaises terres que les bonnes. Qui sème à grains perdus, sur les grandes largeurs, au détriment des usages les plus élémentaires d’une semaison raisonnable. Qui donc est ce semeur fou, qui répand sa miséricorde indépendamment du mérite ? Celui qui a de bonnes oreilles, qu’il l’entende !
Diacre Patrick LAUDET