En ce temps-là,
l’un des Douze, nommé Judas Iscariote,
se rendit chez les grands prêtres
et leur dit :
« Que voulez-vous me donner,
si je vous le livre ? »
Ils lui remirent trente pièces d’argent.
Et depuis, Judas cherchait une occasion favorable
pour le livrer.
Le premier jour de la fête des pains sans levain,
les disciples s’approchèrent et dirent à Jésus :
« Où veux-tu que nous te fassions les préparatifs
pour manger la Pâque ? »
Il leur dit :
« Allez à la ville, chez untel,
et dites-lui :
“Le Maître te fait dire :
Mon temps est proche ;
c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque
avec mes disciples.” »
Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit
et ils préparèrent la Pâque.
Le soir venu,
Jésus se trouvait à table avec les Douze.
Pendant le repas, il déclara :
« Amen, je vous le dis :
l’un de vous va me livrer. »
Profondément attristés,
ils se mirent à lui demander, chacun son tour :
« Serait-ce moi, Seigneur ? »
Prenant la parole, il dit :
« Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi,
celui-là va me livrer.
Le Fils de l’homme s’en va,
comme il est écrit à son sujet ;
mais malheureux celui
par qui le Fils de l’homme est livré !
Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né,
cet homme-là ! »
Judas, celui qui le livrait,
prit la parole :
« Rabbi, serait-ce moi ? »
Jésus lui répond :
« C’est toi-même qui l’as dit ! »
Passage digne d’un roman d’aventure : on voit la scène. Surchauffe à Jérusalem, l’affaire Jésus monte en intensité, certains apôtres s’attendent même à un coup d’éclat imminent, tout le monde est sur les nerfs. La Pâque approche, il s’agit de la célébrer. En bons intendants, les disciples se soucient du Seder. La tête aux préparatifs, ils veulent savoir où. Allez à la ville chez Untel, et dites-lui : le maître te fait dire : mon temps est proche c’est chez toi que je veux célébrer la pâque avec mes disciples. Chez Untel. L’évangéliste, qui n’est pourtant pas avare de noms précis quand il le faut, passe sous silencele nom de l’hôte que le Sauveur ne semble désigner qu’avec une sorte de mystère commandé par la situation. Chez Marc, c’est encore plus romanesque. Il envoie deux de ses disciples et leur dit : Allez dans la ville, et vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau ; suivez-le ; et en quelque lieu qu’il entre, dites au maître de la maison… Chez qui vous savez dit encore la traduction Boyer. Un nom comme un mot de passe, chuchoté à bas bruit. Anonymat garanti pour l’habitant de Jérusalem, un sympathisant précieux qui va ouvrir sa maison pour accueillir un repas de treize personnes. Nous ne saurons donc jamais le nom de celui chez qui se passa la Cène. Pour donner lieu à cet événement, cet homme a surtout ouvert son cœur, il n’a pas eu peur. Untel. Bien sûr que l’anonymat le préserve, le protège, et restitue une ambiance de clandestinité. Entre l’événement et sa relation par l’évangéliste, a-t-on perdu son nom ? On en a gardé bien d’autres pourtant en mémoire. Chez Untel.En vérité, la place est libre à jamais ; pour cet accueil-là, le oui donné à Jésus est vacant. C’est chez toi que je veux célébrer la Pâque. Untel ? Toi en vérité. Pas si anonyme que ça…
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 26, 14-25)
En ce temps-là,
l’un des Douze, nommé Judas Iscariote,
se rendit chez les grands prêtres
et leur dit :
« Que voulez-vous me donner,
si je vous le livre ? »
Ils lui remirent trente pièces d’argent.
Et depuis, Judas cherchait une occasion favorable
pour le livrer.
Le premier jour de la fête des pains sans levain,
les disciples s’approchèrent et dirent à Jésus :
« Où veux-tu que nous te fassions les préparatifs
pour manger la Pâque ? »
Il leur dit :
« Allez à la ville, chez untel,
et dites-lui :
“Le Maître te fait dire :
Mon temps est proche ;
c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque
avec mes disciples.” »
Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit
et ils préparèrent la Pâque.
Le soir venu,
Jésus se trouvait à table avec les Douze.
Pendant le repas, il déclara :
« Amen, je vous le dis :
l’un de vous va me livrer. »
Profondément attristés,
ils se mirent à lui demander, chacun son tour :
« Serait-ce moi, Seigneur ? »
Prenant la parole, il dit :
« Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi,
celui-là va me livrer.
Le Fils de l’homme s’en va,
comme il est écrit à son sujet ;
mais malheureux celui
par qui le Fils de l’homme est livré !
Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né,
cet homme-là ! »
Judas, celui qui le livrait,
prit la parole :
« Rabbi, serait-ce moi ? »
Jésus lui répond :
« C’est toi-même qui l’as dit ! »
Chez Untel
Passage digne d’un roman d’aventure : on voit la scène. Surchauffe à Jérusalem, l’affaire Jésus monte en intensité, certains apôtres s’attendent même à un coup d’éclat imminent, tout le monde est sur les nerfs. La Pâque approche, il s’agit de la célébrer. En bons intendants, les disciples se soucient du Seder. La tête aux préparatifs, ils veulent savoir où. Allez à la ville chez Untel, et dites-lui : le maître te fait dire : mon temps est proche c’est chez toi que je veux célébrer la pâque avec mes disciples. Chez Untel. L’évangéliste, qui n’est pourtant pas avare de noms précis quand il le faut, passe sous silence le nom de l’hôte que le Sauveur ne semble désigner qu’avec une sorte de mystère commandé par la situation. Chez Marc, c’est encore plus romanesque. Il envoie deux de ses disciples et leur dit : Allez dans la ville, et vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau ; suivez-le ; et en quelque lieu qu’il entre, dites au maître de la maison… Chez qui vous savez dit encore la traduction Boyer. Un nom comme un mot de passe, chuchoté à bas bruit. Anonymat garanti pour l’habitant de Jérusalem, un sympathisant précieux qui va ouvrir sa maison pour accueillir un repas de treize personnes. Nous ne saurons donc jamais le nom de celui chez qui se passa la Cène. Pour donner lieu à cet événement, cet homme a surtout ouvert son cœur, il n’a pas eu peur. Untel. Bien sûr que l’anonymat le préserve, le protège, et restitue une ambiance de clandestinité. Entre l’événement et sa relation par l’évangéliste, a-t-on perdu son nom ? On en a gardé bien d’autres pourtant en mémoire. Chez Untel. En vérité, la place est libre à jamais ; pour cet accueil-là, le oui donné à Jésus est vacant. C’est chez toi que je veux célébrer la Pâque. Untel ? Toi en vérité. Pas si anonyme que ça…
Diacre Patrick LAUDET