Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 12, 8-12)

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Je vous le dis :
Quiconque se sera déclaré pour moi devant les hommes,
le Fils de l’homme aussi se déclarera pour lui
devant les anges de Dieu.
Mais celui qui m’aura renié en face des hommes
sera renié à son tour en face des anges de Dieu.
Quiconque dira une parole contre le Fils de l’homme,
cela lui sera pardonné ;
mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint,
cela ne lui sera pas pardonné.
Quand on vous traduira devant les gens des synagogues,
les magistrats et les autorités,
ne vous inquiétez pas
de la façon dont vous vous défendrez ni de ce que vous direz.
Car l’Esprit Saint vous enseignera à cette heure-là
ce qu’il faudra dire. »

Se déclarer pour lui.

Jésus n’est-il qu’un avocat très sélectif, tenant une comptabilité serrée de tout ce que nous disons et qui, devant les anges, ne défendra que ceux qui se sont clairement déclarés pour lui devant les hommes ? Les choses sont plus compliquées. D’un côté, Jésus ne veut pas relativiser notre responsabilité de la terre, elle aura ses effets au ciel. Il n’accorde pas trop vite l’absolution collective et se montre net sur le « reniement en face des hommes » qui entraînera le reniement en face des anges ; il prévient aussi des dangers mortels du blasphème contre l’Esprit. Il esquisse pourtant l’espérance d’une miséricorde pour qui aurait parlé contre Lui. Comment comprendre toutes ces distinctions ?

Et si, plutôt que de dresser le cahier des charges précis de ses conditions d’obtention, Jésus voulait nous perdre un peu dans les finesses du code du salut, justement pour nous empêcher de nous en approprier trop vite les secrets. Nous perdre, pour qu’en vérité nous nous y retrouvions mieux. Que retenir, dans la foi ? Que la miséricorde de Dieu est grande, mais que notre vie de la terre engagera aussi, et de façon décisive, notre vie éternelle.

D’ailleurs Jésus, qui n’est pas un chef de parti, ni de secte, sait bien ce qu’il nous demande quand il nous demande de nous « déclarer pour lui devant les hommes ». Il ne décompte pas des adhérents. Lui qui est amour, il sait ce que « se déclarer pour lui » veut dire. Et que beaucoup se déclarent souvent, sans toujours bien connaître son nom.

Diacre Patrick LAUDET

Diacre Patrick LAUDET