En ce temps-là,
quand les parents de Jésus vinrent le présenter au Temple,
il y avait aussi une femme prophète,
Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser.
Elle était très avancée en âge ;
après sept ans de mariage,
demeurée veuve,
elle était arrivée à l’âge de 84 ans.
Elle ne s’éloignait pas du Temple,
servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière.
Survenant à cette heure même,
elle proclamait les louanges de Dieu
et parlait de l’enfant
à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.
Lorsqu’ils eurent achevé
tout ce que prescrivait la loi du Seigneur,
ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.
L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait,
rempli de sagesse,
et la grâce de Dieu était sur lui.
Quelle fut la vie de cette femme, qui donne à l’espérance et à la fidélité un des plus beaux visages de l’évangile ? On nous la dit fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Des indications apparemment superflues, mais nécessaires à bien l’authentifier, et à la situer dans un lignage. Anne a donc un père et une tribu, c’est que son béguinage mystérieux fait d’elle une héritière. Comme elle le porte magnifiquement, avec grâce et dignité, l’héritage dont elle est dépositaire ! En hébreu, Phanuel signifie « face à Dieu » : son père lui avait-il enseigné la sainte présence ? Dans le livre d’Hénoch, Phanuel est aussi le nom du quatrième archange. Avec lui, avait-elle elle un très ancien et très vivifiant commerce sacré ? Au Temple dont elle avait fait sa demeure, quelle voie intérieure l’assigna à un tel ministère, et à tant de fidélité ? Faisait-elle un peu tache dans l’organigramme officiel et sacré du saint lieu ? Elle devait bien en agacer plus d’un, mais elle faisait partie des meubles. On la tolérait, mais il y a bien longtemps qu’on ne l’écoutait plus. La prophétesse Anne attendit donc jusqu’à quatre-vingt-quatre ans la manifestation messianique et le salut pour Israël. Quatre-vingt-quatre, soit douze fois sept : une éternité en somme. Aux côtés du vieux Siméon, cette femme-portique se tenait au Temple depuis des années pour, le jour venu, et à la vue de l’enfant, prophétiser la délivrance de Jérusalem. Un vieil homme et une vieille femme ensemble, postés au seuil du salut pour donner à la fidélité patiente de tout un peuple comme le visage originel d’un très vieux couple.
En elle, les années pèsent, mais l’attente pourtant reste jeune, intacte, car elle rajeunit sans cesse à la lumière de l’espérance. Toute consacrée à l’écoute sacrée, nourrie de la parole de Dieu et patinée à sa vie de prière, l’âge avancé de cette veuve récapitule plus qu’une longue vie de femme : car derrière elle, se devine l’espérance séculaire du peuple de la promesse, inlassable à scruter l’Écritures et à guetter le Messie. Elle lui donne visage. En elle, c’est toute la première Alliance qui se recueille, suspendue intérieurement par la grâce de la révélation ?
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 2, 36-40)
En ce temps-là,
quand les parents de Jésus vinrent le présenter au Temple,
il y avait aussi une femme prophète,
Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser.
Elle était très avancée en âge ;
après sept ans de mariage,
demeurée veuve,
elle était arrivée à l’âge de 84 ans.
Elle ne s’éloignait pas du Temple,
servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière.
Survenant à cette heure même,
elle proclamait les louanges de Dieu
et parlait de l’enfant
à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.
Lorsqu’ils eurent achevé
tout ce que prescrivait la loi du Seigneur,
ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.
L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait,
rempli de sagesse,
et la grâce de Dieu était sur lui.
La fille de Phanuel
Quelle fut la vie de cette femme, qui donne à l’espérance et à la fidélité un des plus beaux visages de l’évangile ? On nous la dit fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Des indications apparemment superflues, mais nécessaires à bien l’authentifier, et à la situer dans un lignage. Anne a donc un père et une tribu, c’est que son béguinage mystérieux fait d’elle une héritière. Comme elle le porte magnifiquement, avec grâce et dignité, l’héritage dont elle est dépositaire ! En hébreu, Phanuel signifie « face à Dieu » : son père lui avait-il enseigné la sainte présence ? Dans le livre d’Hénoch, Phanuel est aussi le nom du quatrième archange. Avec lui, avait-elle elle un très ancien et très vivifiant commerce sacré ? Au Temple dont elle avait fait sa demeure, quelle voie intérieure l’assigna à un tel ministère, et à tant de fidélité ? Faisait-elle un peu tache dans l’organigramme officiel et sacré du saint lieu ? Elle devait bien en agacer plus d’un, mais elle faisait partie des meubles. On la tolérait, mais il y a bien longtemps qu’on ne l’écoutait plus. La prophétesse Anne attendit donc jusqu’à quatre-vingt-quatre ans la manifestation messianique et le salut pour Israël. Quatre-vingt-quatre, soit douze fois sept : une éternité en somme. Aux côtés du vieux Siméon, cette femme-portique se tenait au Temple depuis des années pour, le jour venu, et à la vue de l’enfant, prophétiser la délivrance de Jérusalem. Un vieil homme et une vieille femme ensemble, postés au seuil du salut pour donner à la fidélité patiente de tout un peuple comme le visage originel d’un très vieux couple.
En elle, les années pèsent, mais l’attente pourtant reste jeune, intacte, car elle rajeunit sans cesse à la lumière de l’espérance. Toute consacrée à l’écoute sacrée, nourrie de la parole de Dieu et patinée à sa vie de prière, l’âge avancé de cette veuve récapitule plus qu’une longue vie de femme : car derrière elle, se devine l’espérance séculaire du peuple de la promesse, inlassable à scruter l’Écritures et à guetter le Messie. Elle lui donne visage. En elle, c’est toute la première Alliance qui se recueille, suspendue intérieurement par la grâce de la révélation ?
Diacre Patrick LAUDET