En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Si le monde a de la haine contre vous,
sachez qu’il en a eu d’abord contre moi.
Si vous apparteniez au monde,
le monde aimerait ce qui est à lui.
Mais vous n’appartenez pas au monde,
puisque je vous ai choisis en vous prenant dans le monde ;
voilà pourquoi le monde a de la haine contre vous.
Rappelez-vous la parole que je vous ai dite :
un serviteur n’est pas plus grand que son maître.
Si l’on m’a persécuté,
on vous persécutera, vous aussi.
Si l’on a gardé ma parole,
on gardera aussi la vôtre.
Les gens vous traiteront ainsi à cause de mon nom,
parce qu’ils ne connaissent pas Celui qui m’a envoyé. »
Ne pas appartenir au monde ! Si la séparation est mue par l’arrogance, la méfiance ou le mépris, une telle invitation de Jésus peut être mal comprise et certaines attitudes qui en découleraient peu évangéliques. Les disciples de Jésus n’ont pas vocation à être « ailleurs », plus « haut », plus dans la « pureté » ou la « vérité », au nom desquelles tout ce qui serait « le monde » serait du coup mauvais. Ne pas appartenir au monde, ce n’est pas rêver de le fuir, encore moins le haïr.
Le monde comme il va, souvent mal, reste le fruit de la création de Dieu, et il continue à le soutenir dans l’être. En un sens, il est confié à notre sollicitude. Moins à fuir, en vérité, qu’à aimer. Le Christ lui-même, pendant trente années, n’a rien fait qu’être discrètement présent à ce « doux royaume de la terre » comme disait Bernanos, qui n’est pourtant doux qu’à certaines heures…
Ne pas appartenir au monde, c’est surtout rester libre de son esprit. De cet esprit qui préfère souvent ce qui se compte à ce qui compte. C’est goûter les plaisirs de la terre en désirant pourtant le Royaume de Dieu, non comme une consolation ou compensation de la création que comme sa transfiguration éternelle.
Ne pas appartenir au monde n’est donc pas l’effet d’une soustraction élective que le Christ opère sur ces disciples pour en faire des inadaptés. Plutôt celui d’une inoculation de charité selon laquelle tout du monde, et même ses possibles persécutions, est mystérieusement vu des profondeurs du cœur de Dieu. Qu’est-ce au fond qu’être missionnaire, sinon savoir justement être présent au monde. Y ajuster regard et disponibilité. Le monde, parce qu’il est fait des hommes qui le mènent, est toujours à aimer plus qu’à mépriser. Jésus en ce sens a bien « appartenu » au monde. Il s’est même livré à lui. Librement, et par amour.
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 15, 18-21)
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Si le monde a de la haine contre vous,
sachez qu’il en a eu d’abord contre moi.
Si vous apparteniez au monde,
le monde aimerait ce qui est à lui.
Mais vous n’appartenez pas au monde,
puisque je vous ai choisis en vous prenant dans le monde ;
voilà pourquoi le monde a de la haine contre vous.
Rappelez-vous la parole que je vous ai dite :
un serviteur n’est pas plus grand que son maître.
Si l’on m’a persécuté,
on vous persécutera, vous aussi.
Si l’on a gardé ma parole,
on gardera aussi la vôtre.
Les gens vous traiteront ainsi à cause de mon nom,
parce qu’ils ne connaissent pas Celui qui m’a envoyé. »
Appartenir au monde
Ne pas appartenir au monde ! Si la séparation est mue par l’arrogance, la méfiance ou le mépris, une telle invitation de Jésus peut être mal comprise et certaines attitudes qui en découleraient peu évangéliques. Les disciples de Jésus n’ont pas vocation à être « ailleurs », plus « haut », plus dans la « pureté » ou la « vérité », au nom desquelles tout ce qui serait « le monde » serait du coup mauvais. Ne pas appartenir au monde, ce n’est pas rêver de le fuir, encore moins le haïr.
Le monde comme il va, souvent mal, reste le fruit de la création de Dieu, et il continue à le soutenir dans l’être. En un sens, il est confié à notre sollicitude. Moins à fuir, en vérité, qu’à aimer. Le Christ lui-même, pendant trente années, n’a rien fait qu’être discrètement présent à ce « doux royaume de la terre » comme disait Bernanos, qui n’est pourtant doux qu’à certaines heures…
Ne pas appartenir au monde, c’est surtout rester libre de son esprit. De cet esprit qui préfère souvent ce qui se compte à ce qui compte. C’est goûter les plaisirs de la terre en désirant pourtant le Royaume de Dieu, non comme une consolation ou compensation de la création que comme sa transfiguration éternelle.
Ne pas appartenir au monde n’est donc pas l’effet d’une soustraction élective que le Christ opère sur ces disciples pour en faire des inadaptés. Plutôt celui d’une inoculation de charité selon laquelle tout du monde, et même ses possibles persécutions, est mystérieusement vu des profondeurs du cœur de Dieu. Qu’est-ce au fond qu’être missionnaire, sinon savoir justement être présent au monde. Y ajuster regard et disponibilité. Le monde, parce qu’il est fait des hommes qui le mènent, est toujours à aimer plus qu’à mépriser. Jésus en ce sens a bien « appartenu » au monde. Il s’est même livré à lui. Librement, et par amour.
Diacre Patrick LAUDET