En ce temps-là,
à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes
et qui méprisaient les autres,
Jésus dit la parabole que voici :
« Deux hommes montèrent au Temple pour prier.
L’un était pharisien,
et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts).
Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même :
“Mon Dieu, je te rends grâce
parce que je ne suis pas comme les autres hommes
– ils sont voleurs, injustes, adultères –,
ou encore comme ce publicain.
Je jeûne deux fois par semaine
et je verse le dixième de tout ce que je gagne.”
Le publicain, lui, se tenait à distance
et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ;
mais il se frappait la poitrine, en disant :
“Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !”
Je vous le déclare :
quand ce dernier redescendit dans sa maison,
c’est lui qui était devenu un homme juste,
plutôt que l’autre.
Qui s’élève sera abaissé ;
qui s’abaisse sera élevé. »
Les pharisiens étaient pour beaucoup des juifs très bien élevés. Trop bien élevés ? Ils croyaient ainsi en l’élévation, peut-être plus qu’en Dieu. Ils pensaient, pas tout à fait à tort, que la Loi nous somme de ne pas en rester dans nos vies aux bassesses humaines, qui contrarient notre désir d’ascension vers le bien. Ils s’exerçaient ainsi à ne pas voler, à ne pas être injustes, ni adultères. Le pire, si l’on ose dire, c’est qu’ils y parvenaient ! Sauf pour quelques hypocrites, l’élévation était souvent au terme de leurs efforts, au rendez-vous de leur ascèse. Et naturellement, leur prière se colore alors d’une belle action de grâce : ils n’oublient pas même de remercier Dieu pour une si belle trajectoire.
Mais Dieu n’est pas une cime à atteindre, un sommet à conquérir, ni un record à battre. Eux ne le comprennent jamais que comme le Très Haut. Devant l’enfant dans une mangeoire, qui se fait alors le Très-bas, devant l’Emmanuel, Dieu avec nous et pas seulement au-dessus, ils calent.
Qu’est-ce qui permet donc au publicain de prier autrement et de se trouver justifié ? Lui n’ose pas même lever les yeux vers le ciel, comme si crainte et humilité étaient alors bonne conseillère. Dans les hauteurs, on ne rencontre guère que l’image de sa propre grandeur. En se frappant le cœur, il fait pénitence sur sa misère, mais, sans le savoir, il frappe aussi à ce lieu de l’être où siège l’amour et où Dieu, plus intime à nous-même que nous-même, comme dit Saint Augustin, nous attendra toujours.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 18, 9-14)
En ce temps-là,
à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes
et qui méprisaient les autres,
Jésus dit la parabole que voici :
« Deux hommes montèrent au Temple pour prier.
L’un était pharisien,
et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts).
Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même :
“Mon Dieu, je te rends grâce
parce que je ne suis pas comme les autres hommes
– ils sont voleurs, injustes, adultères –,
ou encore comme ce publicain.
Je jeûne deux fois par semaine
et je verse le dixième de tout ce que je gagne.”
Le publicain, lui, se tenait à distance
et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ;
mais il se frappait la poitrine, en disant :
“Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !”
Je vous le déclare :
quand ce dernier redescendit dans sa maison,
c’est lui qui était devenu un homme juste,
plutôt que l’autre.
Qui s’élève sera abaissé ;
qui s’abaisse sera élevé. »
L’homme juste.
Les pharisiens étaient pour beaucoup des juifs très bien élevés. Trop bien élevés ? Ils croyaient ainsi en l’élévation, peut-être plus qu’en Dieu. Ils pensaient, pas tout à fait à tort, que la Loi nous somme de ne pas en rester dans nos vies aux bassesses humaines, qui contrarient notre désir d’ascension vers le bien. Ils s’exerçaient ainsi à ne pas voler, à ne pas être injustes, ni adultères. Le pire, si l’on ose dire, c’est qu’ils y parvenaient ! Sauf pour quelques hypocrites, l’élévation était souvent au terme de leurs efforts, au rendez-vous de leur ascèse. Et naturellement, leur prière se colore alors d’une belle action de grâce : ils n’oublient pas même de remercier Dieu pour une si belle trajectoire.
Mais Dieu n’est pas une cime à atteindre, un sommet à conquérir, ni un record à battre. Eux ne le comprennent jamais que comme le Très Haut. Devant l’enfant dans une mangeoire, qui se fait alors le Très-bas, devant l’Emmanuel, Dieu avec nous et pas seulement au-dessus, ils calent.
Qu’est-ce qui permet donc au publicain de prier autrement et de se trouver justifié ? Lui n’ose pas même lever les yeux vers le ciel, comme si crainte et humilité étaient alors bonne conseillère. Dans les hauteurs, on ne rencontre guère que l’image de sa propre grandeur. En se frappant le cœur, il fait pénitence sur sa misère, mais, sans le savoir, il frappe aussi à ce lieu de l’être où siège l’amour et où Dieu, plus intime à nous-même que nous-même, comme dit Saint Augustin, nous attendra toujours.
Diacre Patrick LAUDET