Jésus venait de mourir. Comme c’était le jour de la Préparation (c’est-à-dire le vendredi), il ne fallait pas laisser les corps en croix durant le sabbat, d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque. Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes. Les soldats allèrent donc briser les jambes du premier, puis de l’autre homme crucifié avec Jésus. Quand ils arrivèrent à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau.
Celui qui a vu rend témoignage, et son témoignage est véridique ; et celui-là sait qu’il dit vrai afin que vous aussi, vous croyiez. Cela, en effet, arriva pour que s’accomplisse l’Écriture : Aucun de ses os ne sera brisé. Un autre passage de l’Écriture dit encore : Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé.
Qu’est-ce qui lui a pris ? Un soldat romain comme un autre sans doute, qui fait son boulot ordinaire de soldat. Il y a surchauffe à Jérusalem depuis quelques jours : c’est la Pâque juive, et cette année, un peu plus de grabuge apparemment que d’autres années. Mais ce n’est guère son affaire, toutes ces histoires ne le concernent pas. Il attend la fin de la garnison, le moment de rentrer chez lui. Tournée de fin de journée au Golgotha, la routine en somme. On y a crucifié des gars en début d’après-midi. Il va falloir s’occuper des crucifiés, vérifier qu’ils sont bien morts, les déposer. C’est l’usage, on brise habituellement les jambes, histoire de solder le supplice et de bien attester la mort. Au milieu des croix, il voit alors ce jeune prophète suspendu. A l’évidence, celui-là est mort. On pourrait quand même lui briser les jambes, pour être sûr. Mais on ne le fait pas. L’ordre bizarrement en a même été donné. Mais qu’est-ce qui lui a pris ? Il pouvait passer au suivant. Il ne sait pas vraiment ce qu’il fait, il brandit alors sa lance, et machinalement, perce le côté du jeune crucifié, histoire de voir, quand même. Il voulait voir ? Il a vu… De ce geste bien ordinaire de la soldatesque, terrible pourtant d’indifférence et de violence, Dieu s’est humblement servi pour une ultime révélation, bouleversante. Qui était-il donc, ce soldat romain qui a ainsi incisé le cœur de Dieu et, pour le monde, a ouvert à son insu des flots d’amour dont le versement mystérieux de tant d’eau et de sang sont le signe. Il n’avait jamais vu ça. Ce trop-plein-là a dû bien le dérouter. Savait-il que le Père se servirait de son réflexe banal et terrible de soldat pour révéler au monde la source incroyable de l’amour, et pour montrer aux hommes ce que, depuis si longtemps, Dieu avait dans le cœur ?
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 19, 31-37)
Jésus venait de mourir.
Comme c’était le jour de la Préparation (c’est-à-dire le vendredi),
il ne fallait pas laisser les corps en croix durant le sabbat,
d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque.
Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps
après leur avoir brisé les jambes.
Les soldats allèrent donc briser les jambes du premier,
puis de l’autre homme crucifié avec Jésus.
Quand ils arrivèrent à Jésus,
voyant qu’il était déjà mort,
ils ne lui brisèrent pas les jambes,
mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ;
et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau.
Celui qui a vu rend témoignage,
et son témoignage est véridique ;
et celui-là sait qu’il dit vrai
afin que vous aussi, vous croyiez.
Cela, en effet, arriva
pour que s’accomplisse l’Écriture :
Aucun de ses os ne sera brisé.
Un autre passage de l’Écriture dit encore :
Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé.
Un soldat avec sa lance
Qu’est-ce qui lui a pris ? Un soldat romain comme un autre sans doute, qui fait son boulot ordinaire de soldat. Il y a surchauffe à Jérusalem depuis quelques jours : c’est la Pâque juive, et cette année, un peu plus de grabuge apparemment que d’autres années. Mais ce n’est guère son affaire, toutes ces histoires ne le concernent pas. Il attend la fin de la garnison, le moment de rentrer chez lui. Tournée de fin de journée au Golgotha, la routine en somme. On y a crucifié des gars en début d’après-midi. Il va falloir s’occuper des crucifiés, vérifier qu’ils sont bien morts, les déposer. C’est l’usage, on brise habituellement les jambes, histoire de solder le supplice et de bien attester la mort. Au milieu des croix, il voit alors ce jeune prophète suspendu. A l’évidence, celui-là est mort. On pourrait quand même lui briser les jambes, pour être sûr. Mais on ne le fait pas. L’ordre bizarrement en a même été donné. Mais qu’est-ce qui lui a pris ? Il pouvait passer au suivant. Il ne sait pas vraiment ce qu’il fait, il brandit alors sa lance, et machinalement, perce le côté du jeune crucifié, histoire de voir, quand même. Il voulait voir ? Il a vu… De ce geste bien ordinaire de la soldatesque, terrible pourtant d’indifférence et de violence, Dieu s’est humblement servi pour une ultime révélation, bouleversante. Qui était-il donc, ce soldat romain qui a ainsi incisé le cœur de Dieu et, pour le monde, a ouvert à son insu des flots d’amour dont le versement mystérieux de tant d’eau et de sang sont le signe. Il n’avait jamais vu ça. Ce trop-plein-là a dû bien le dérouter. Savait-il que le Père se servirait de son réflexe banal et terrible de soldat pour révéler au monde la source incroyable de l’amour, et pour montrer aux hommes ce que, depuis si longtemps, Dieu avait dans le cœur ?
Diacre Patrick LAUDET