Pourquoi l’icône de Notre-Dame de Czestochowa a-t-elle des cicatrices sur le visage ?

Dans la sacristie de la Cathédrale Saint-Jean Baptiste de Lyon, se trouve une icône ukrainienne-polonaise nommée “Notre-Dame de Czestochowa” (ou de Belz).

La première chose qui attire l’attention sont les cicatrices sur le visage de la Vierge. D’où viennent-elles ? Quelle est l’histoire de cette icône miraculeuse ?

Icône du Royaume Rus (Ukraine ; ne pas confondre avec la Russie actuelle, qui à l’époque s’appelait la Moscovie)

L’apparition de l’icône reconnue comme miraculeuse sur les terres russes (ukrainiennes) est documentée au cours de la seconde moitié du XIIe siècle. Les circonstances précises de son arrivée ne sont pas précisées, mais il semble que l’icône ait déjà été en Bulgarie, en Moravie et en Tchéquie. Au cours de la seconde moitié du XIIIe siècle, le roi de Rus Léon Daniilovitch (1228-1301), fils du roi Daniel, l’a apportée à Belz et l’a placée avec une grande vénération dans le château de Belz sous la garde du clergé orthodoxe. Bartolomé Zymorovych dans son travail “Triple Lviv” affirmait que le roi Léon Daniilovitch avait donné l’icône de la Vierge, peinte par l’évangéliste Luc, au monastère de Saint Onuphre de Lviv pour en assurer la conservation.

Après l’extinction de la dynastie galicienne des Rurikides, le Royaume Rus a été hérité, selon la loi de succession dynastique, par les Piasts polonais qui leur étaient apparentés. En 1382 (selon d’autres sources – en 1377), le prince de Silésie Vladislav Opolsky, qui était alors vice-roi du Royaume Rus, a transporté l’icône de Belz d’abord à Lviv, puis au monastère paulinien de Jasna Góra qu’il avait fondé en 1352 à Częstochowa. Depuis lors, la Vierge de Belz est appelée la Vierge de Częstochowa.

Les cicatrices sur l’icône

Selon la légende, lorsque les Tatars ont attaqué la Rus et assiégé le château de Belz, le prince Vladislav, espérant l’aide de la Vierge Marie, a sorti la relique de l’église et l’a mise sur le mur de la ville. Percée par une flèche ennemie, l’image miraculeuse a gardé pour toujours les traces du sang passé. La brume nocive qui était descendue sur l’armée tatare les a forcés à lever le siège du château et à se retirer dans leurs propres frontières. C’est alors que la Protectrice Céleste est apparue en rêve au prince et lui a ordonné de transférer l’icône miraculeuse à la Montagne Lumineuse de Częstochowa.

Au début du XVe siècle, le monastère a été pillé par les hussites. Selon l’une des légendes, après avoir pris tous les trésors du monastère, ils ont voulu voler l’image miraculeuse, mais une force invisible a retenu les chevaux et le chariot avec la relique n’a pas bougé. En colère, l’un des voleurs a jeté la sainte icône par terre et l’autre l’a frappée avec son épée. Les conséquences de cet acte ont été terribles : l’un des pillards a été déchiqueté en morceaux, l’autre a vu sa main se dessécher, tandis que d’autres sont tombés comme morts ou sont devenus aveugles.

Une autre version de l’histoire, rapportée par le célèbre chroniqueur polonais Jan Dlugosz, suggère que deux nobles, Jakub Nadobny et Jan Kurapatwa, ont volé les trésors du monastère en 1430, dont l’icône, pour sortir de leurs dettes. Ils ont ensuite coupé l’icône en deux avec leur épée pour faire croire que les Tchèques avaient commis le crime.

Depuis cet événement, l’icône de la Vierge Marie a été représentée avec deux cicatrices sur la joue droite. Malgré les efforts de restaurateurs pour réparer les dommages causés à l’icône entre 1430 et 1434, peu de l’icône d’origine de la “tradition grecque” avait survécu à cette époque.

Liubomyr PETSIUKH

Responsable communication

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