Après la figure de Jésus tenté au désert, puis le mystère de la Transfiguration, l’évangile du troisième dimanche de carême nous propose une autre image forte : Jésus qui expulse les vendeurs du Temple. Qu’avaient-ils fait de mal ? Après tout, ils n’étaient là que pour favoriser les offrandes du peuple en changeant les monnaies alors en usage, frappées à l’effigie de l’empereur ou de rois païens – donc impures et impropres à servir en quoi que ce soit pour le culte du vrai Dieu – en une monnaie liciter dans l’enceinte sacrée du Temple. Le geste de Jésus est spectaculaire, mais il doit bien être compris et contextualisé. Ces activités de change étaient souvent perverties par un appétit humain de spéculation financière. Qui était alors honoré et servi ? Le Seigneur d’Israël qui résidait au milieu de son peuple le Saint de saints, ou bien ceux qui profitaient de ces activités pour s’enrichir exagérément sur le dos des pèlerins ?
Dans notre chemin de Carême, pour que cette parole de Dieu descende dans nos cœurs et y germe pour porter du fruit, il convient de relire la collecte (prière d’ouverture) de ce dimanche. Bien souvent, ces petits textes mettent en lumière les fruits que nous pouvons retirer de la liturgie du jour. En ce dimanche, la voix de l’Eglise médite avec confiance sur le fait que, dans ce temps liturgique, Dieu nous montre comment guérir du péché tandis que nous expérimentons notre faiblesse. N’y aurait-il pas de quoi désespérer devant la médiocrité humaine ? La suite de la prière nous en préserve : « puisque nous prenons humblement conscience de nos fautes, que ta miséricorde nous relève sans cesse ». Voilà la grâce à demander en ce troisième dimanche de Carême !
Certes, l’homme est faible et inconstant, mais Dieu est toujours là pour nous relever et nous remettre debout. Et là, nous retrouvons le thème de notre évangile : laissons-le démasquer nos peurs paralysantes, nos calculs mesquins qui peuvent défigurer nos élans de générosité, notre orgueil prompt à juger et à travailler pour notre auto-promotion. Bref, et si Jésus, avec le fouet de sa grâce, venait faire un peu de ménage en nous… ? Sommes-nous prêts à lâcher prise et à le laisser agir ?
Chan. Eric Besson, doyen du Chapitre