Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 16, 12-15)

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire,
mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter.
Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité,
il vous conduira dans la vérité tout entière.
En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même :
mais ce qu’il aura entendu, il le dira ;
et ce qui va venir, il vous le fera connaître.
Lui me glorifiera,
car il recevra ce qui vient de moi
pour vous le faire connaître.
Tout ce que possède le Père est à moi ;
voilà pourquoi je vous ai dit :
L’Esprit reçoit ce qui vient de moi
pour vous le faire connaître. »

Beaucoup de choses à vous dire

 

« J’ais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter ». Parole originelle de Dieu, déjà présente dans son cœur au premier jour du monde. Car que disait-il à Adam et Eve, en leur offrant sans réserve l’usage de l’arbre de la Vie, et en les restreignant prudemment sur la consommation de l’arbre de la connaissance du bien et du mal ? Quelque chose comme : il y a dans cet arbre-là beaucoup de connaissances que j’aurai à vous partager, mais pour l’instant, dans votre croissance humaine qui commence, vous n’avez pas encore la force de les porter toutes. Faites-moi confiance, je bénis la croissance de votre intelligence jusqu’à ce jour où, de cet arbre, vous pourrez alors manger sans danger ni risque d’en mourir. Ce trop-plein du cœur de Dieu, qui a toujours tant à nous dire, éclaire le projet d’Alliance entre lui et les hommes. De cette parole-là, c’est à la Croix qu’il a débordé, silencieusement. Le péché originel, c’est en vérité de ne rien écouter ! C’est de vouloir trop vite savoir et se saisir seul des choses, sans laisser l’Esprit Saint pétrir l’intelligence du cœur pour les comprendre bien. C’est ne pas faire confiance à Dieu, qui a vraiment beaucoup à nous dire, mais qui, pour cela, nous demande souvent de laisser du temps au temps.

      J’aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. De l’infinitude divine à la finitude humaine, il y a un pas à franchir, que Jésus respecte, en consentant à ne pas tout dire. Non pas qu’il se réserve des secrets, dont nous ne serions pas dignes. Il brûle de nous ouvrir la pleine intelligence du salut, qui nous introduirait au cœur du mystère du Père. Mais il prend pitié de notre petitesse. C’est émouvant, à cet instant, de sentir combien son désir de dire déborde son dire effectif : des secrets du Père, il ne pourra donc pas tout nous partager. Pas encore.

Moment bouleversant où le Verbe accepte comme une limite à la puissance de la révélation dont il a mission, pour la déléguer à l’Esprit ; pour la lui abandonner. Sublime dépossession du Serviteur, où le Fils révèle alors la profondeur de son appartenance trinitaire.

Depuis deux mille ans, la révélation est close, mais son intelligence dans l’Église ne cesse de grandir. N’est-ce pas émouvant de considérer ainsi le développement du dogme et l’élaboration tâtonnante du magistère ? Ces choses que Jésus avait si fort au bord des lèvres, ou du cœur : ces belles choses, il va laisser le soin à l’Esprit, au fil des siècles, de nous les rendre peu à peu de plus en plus intelligibles.

Diacre Patrick LAUDET

Diacre Patrick LAUDET