Lyon et la Spiritualité de Saint Bonaventure – Mgr F.DUTHEL

Au cœur de notre ville de Lyon, la basilique Saint-Bonaventure, située place des Cordeliers. Le terme ‘Cordeliers’ n’est pas mis par hasard. Il rappelle les Franciscains, qui, dans leur humilité à la suite de S. François d’Assise, ceignait leur habit d’une corde. De nombreux lieux dans nos villes françaises portent ce nom, signe de l’importance de la vie franciscaine. S. Bonaventure n’a pas connu François d’Assise, mort alors que lui venait de naître. Mais il a été séduit par sa façon radicale de suivre le Christ et de vivre l’Évangile ; ce sera l’idéal de toute sa vie. La présence active de la basilique Saint-Bonaventure à Lyon nous fait signe. Pourquoi ne pas mettre la démarche et la spiritualité de S. Bonaventure au cœur de notre propre vie spirituelle ? Il soulignait d’abord que ce qui l’avait séduit, c’était le style de vie des frères, qui ressemblait à la vie de la première communauté chrétienne, telle que nous la donne les Actes des Apôtres : « Ils étaient assidus à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » (2, 42). Pour progresser dans la connaissance de Dieu, il invitait à vivre dans l’humilité et dans l’amour, pour que le Christ, par son Esprit, nous éclaire. Car ce qui compte, ce n’est pas un savoir, mais une connaissance qui conduit à la contemplation du mystère de Dieu. Sa profonde intelligence de la foi était liée à une spiritualité centrée sur le Christ crucifié. « Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé » (Jn 19, 37). « Tout est manifesté sur la Croix » (Bonaventure, De triplici via, c.3, n. 5). « ‘Je suis attaché à la Croix avec Jésus Christ’ (cf. Rm 6, 6). Le vrai adorateur de Dieu, le disciple sincère de Jésus Christ, désireux de ressembler parfaitement au Sauveur des hommes, crucifié pour leur salut, doit s’appliquer principalement, par des efforts sans cesse réitérés, à porter en tout temps et partout, tant en son âme que dans sa chair, la Croix de Jésus, et arriver à pouvoir ressentir en soi-même la vérité de cette parole de l’Apôtre » (Bonaventure, L’arbre de Vie, préface). Jésus « a répandu sur ses ennemis une parole de bénédiction toute nouvelle, telle qu’on ne l’avait jamais entendue depuis l’origine du monde. Dis-lui donc avec une confiance sans limites : ‘Aie pitié de moi, mon Dieu, aie pitié de moi, parce que mon âme a mis sa confiance en Toi’. Et peut-être qu’à l’heure de la mort tu mériteras d’entendre, comme le larron suppliant : ‘Aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis’ » (L’arbre de Vie, 27). Bonaventure fut un grand théologien, mais avant tout pour devenir un saint. Comme il le disait, la théologie est une « connaissance pieuse de la vérité appréhendée par la foi » (Des 7 dons 4, 5). De même, l’intelligence de la foi n’a pas d’autre fin que de nous rendre meilleurs dans notre vie quotidienne. En bon disciple de S. François dans le cantique des créatures, il nous rappelle que Dieu est silencieux, mais que toute son œuvre parle de Lui et doit nous aider à le découvrir. Sans oublier que la simplicité, l’humilité et la pauvreté sont des voies importantes pour nous rapprocher de Dieu. « Avant tout, ô âme ! il est nécessaire que tu aies du Dieu très bon les sentiments les plus élevés, les plus pieux et les plus saints ; ou autrement, tu dois croire en Lui avec une foi inébranlable, le considérer avec un esprit attentif, et arrêter sur Lui avec admiration l’œil pénétrant de ta raison. Or, tu auras de Dieu les sentiments les plus élevés si, fixant sur lui tes regards avec fidélité, réflexion et amour, tu crois que son immense puissance conserve toutes choses après les avoir tirées du néant, que sa sagesse infinie gouverne et ordonne tout, que sa justice éternelle embrasse tout et rend à tous selon les droits de chacun » (Du gouvernement de l’âme). Bonaventure nous invite donc à méditer sans cesse l’Écriture, à nous tourner vers la Croix du Christ, à contempler Dieu dans sa création, à mettre au centre de notre existence l’amour. Et pourquoi ne pas le prendre pour maître spirituel en lisant et méditant un de ses ouvrages, notamment l’Itinéraire de l’âme à Dieu ?

Mgr F. DUTHEL

Liubomyr PETSIUKH

Responsable communication

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