Les vacances se terminent, et avec elles une semaine marquée par deux célébrations importantes : la fête de la Toussaint et la Commémoration de tous les ficèles défunts. Ce sont deux fêtes complémentaires.
L’un de mes amis dit de la Toussaint : « C’est la Fête de la réussite de la création. » En effet, en plus de tous les saints canonisés, qui sont des dizaines milliers, il y a tous ceux qui n’ont pas laissé de traces dans l’histoire, mais dont la vie a été tellement proche des exigences évangéliques qu’ils vivent certainement dans la lumière de Dieu. Parmi eux, il n’y a pas que des chrétiens. Il y a tous ceux que Jésus nomme dans la scène du Jugement dernier, qui ne savaient pas qu’ils servaient le Christ quand ils servaient l’un de leurs frères ou de leurs sœurs en humanité : « Ce que vous avez fait à l’un de ces petits d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Matthieu 25, 40).
Le 2 novembre, lorsque nous commémorons tous les défunts, particulièrement nos proches, nous ne savons rien de leur salut éternel. Leur vie terrestre est terminée ; elle ne peut être modifiée ; elle a été une vie de pécheur, comme toutes les vies humaines y compris celles des saints. Un proverbe dit qu’un saint pèche au moins sept fois par jour ! Nous confions alors les défunts à Dieu, car nous savons qu’il est un Dieu de miséricorde et de pardon, et que les péchés des humains sont des grains de sable devant la montagne qu’est la miséricorde divine.
On peut alors penser que tous les humains contribuent à la réussite de la création, car tous sont l’objet d’un pardon. Peut-être certains se ferment-ils à ce pardon, mais nous n’en savons rien. Cela fait partie du mystère d’un Dieu qui a dit, en la personne de Jésus : « Ne jugez pas, afin de ne pas être jugée » (Matthieu 7, 1).
La foi n’enlève pas les questions, au contraire, elle les alimente. La mort nous attend tous, et nous avons à nous y préparer en faisant nôtre le programme de vie que propose l’Evangile, celui d’exercer un amour inventif pour tous nos frères humains.
J’espère que la semaine qui s’achève nous a fait avancer dans cette voie, et que, dans les semaines qui s’ouvrent, nous continuerons de marcher sur le chemin que le Christ est lui-même : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie », déclarait-il à Thomas (Jean 14, 6).
Michel Quesnel, prêtre à Saint-Bonaventure et à la chapelle de l’Hôtel-Dieu