C’est le carême ! Durant 40 jours, Jean-Guilhem Xerri, spécialiste des Pères du désert, nous accompagnera sur le chemin qui mène à Pâques. Un parcours dans la foi, à l’écoute de la Parole, vers la source qui irrigue nos profondeurs.

Jean-Guilhem Xerri

Chers lecteurs, je suis heureux de vous retrouver. Depuis la semaine dernière, j’ai choisi la parole de l’Écriture qui me servira de bâton de marche. Elle n’a pas été simple à trouver, tant mes émotions et mon mental peu­vent parfois partir un peu dans tous les sens. C’est en me posant silencieusement qu’il y en a une qui a semblé émerger. Je l’ai accueillie.

Vous vous rappelez peut-être que j’ai invité des Pères du désert à se joindre à notre route vers Pâques. Spécialistes de la vie intérieure, fondateurs du monachisme, de toute évidence, ils constituent des ressources sûres. J’ai fait connaissance avec l’un d’eux, Syméon le stylite. Pour être tout à fait transparent, je suis allé vers lui pour sa « performance ». On dit en effet de lui qu’il a passé plus de 30 ans en haut d’une colonne afin de vivre dans l’ascèse. À ma grande surprise, je n’ai pas trouvé un athlète extraordinaire mais quelqu’un de très simple, équilibré et, paradoxalement, mesuré.

Renoncer pour mieux recevoir

Il m’a expliqué qu’au temps des Pères, l’ascèse passait par un renoncement aux richesses, un retrait du monde, des vêtements minimalistes, des lieux d’habi­tation sans confort et des moyens de « fatiguer » le corps : veilles, jeûnes et travaux pénibles. Mais attention, il n’y a aucun enjeu de performance ou de masochisme. Ils recherchent la juste mesure comme une condition favorable à la fécondité.

Les Pères utilisaient la parabole de la terre et de la semence par analogie avec le corps et l’Esprit. L’ascèse est nécessaire pour travailler la terre du cœur et la rendre apte à recevoir la semence de l’Esprit. Mais deux écueils sont possibles : négliger et exagérer l’ascèse. La négliger, c’est rendre la terre impropre à être ensemencée et à produire du fruit. Et l’exagérer, ou pire la considérer comme une fin en soi, est encore plus nuisible.

Les perturbateurs de l’intériorité

Me sentant en confiance, j’ai demandé à Syméon d’être un peu plus concret. Il m’a recommandé de définir une stratégie de « protection de mon intériorité ». Avec deux objectifs : d’abord, identifier ce qui peut polluer ma vie intérieure, ensuite mettre en place une moindre exposition à ces polluants. J’ai compris que, comme il existe des perturbateurs endocriniens qui modifient notre équilibre biologique, il existe aussi des perturbateurs de l’intériorité. Je les appelle les « PDI ».