Comment Marie s’est manifestée à un juif anticatholique

Si quelqu'un avait dit à Alphonse Ratisbonne dans sa jeunesse qu'il deviendrait prêtre missionnaire catholique, il aurait ri de cette personne et l'aurait déclarée folle.

Alphonse est né en 1814 dans une famille juive aisée et influente de Strasbourg, comme on dit, “avec une cuillère en argent dans la bouche”. Son avenir semblait tout tracé : il était fiancé à sa nièce et devait devenir membre du conseil d’administration de la banque de son oncle. Il est important de noter qu’ bien qu’Alphonse ait été élevé dans une famille qui suivait les traditions juives, lui-même était athée. Il avait particulièrement en aversion le catholicisme, considérant que cette religion avait “volé” son frère : lorsque Alphonse était adolescent, son frère aîné Théodore était devenu catholique et avait été chassé de la famille à cause de cela.

“Je cultivais ma haine envers les prêtres, les temples et les monastères, en particulier envers les jésuites, dont le simple nom me poussait à la folie”, se souvenait-il plus tard.

En août 1842, le mariage d’Alphonse était censé avoir lieu, et il décida de marquer les derniers mois de sa vie de célibataire par un long voyage à travers des contrées lointaines, où il pourrait oublier la décence et se délecter pleinement des plaisirs hédonistes. À la fin de ces voyages, Alphonse arriva inopinément à Rome – ayant réservé par inadvertance le mauvais billet, il se retrouva dans une ville qui lui inspirait un véritable dégoût, car elle était le centre de l’Église catholique.

À Rome, Alphonse rencontra un vieux ami et se retrouva malgré lui à l’accompagner à l’église Sant’Andrea delle Fratte, où son ami devait rencontrer un prêtre. L’attente ennuyeuse dans un endroit aussi désagréable pour lui se transforma soudainement en une expérience mystique qui changea tout son avenir : la Vierge Marie lui apparut. Ce qu’elle lui dit resta entre eux, mais après cette expérience, il rompit ses fiançailles, se fit baptiser et déclara son intention de devenir prêtre. Dans son baptême, il ajouta le nom “Marie” à son propre nom, en signe du rôle décisif que la Mère de Dieu avait joué dans sa vie.

Alphonse retrouva son frère Théodore et commença à travailler avec lui à la création d’un nouveau monastère – l’ordre féminin de Notre-Dame de Sion, dont le but principal était d’établir des écoles pour les enfants de familles musulmanes et juives dans le but de les convertir au catholicisme. Les frères Ratisbonne ne connaissaient rien au “prosélytisme”, ils se fondaient sur la vérité évangélique : “Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné” (Marc 16:16), et ils cherchaient donc à amener autant d’âmes que possible à Jésus.

En 1847, Alphonse rejoignit la Compagnie de Jésus (les Jésuites), mais en 1855, avec l’approbation du Pape, il la quitta, comprenant que le Seigneur lui avait préparé une autre mission. Il s’installa à Jérusalem et y construisit un grand monastère avec un refuge et une école pour les jeunes filles, puis un autre à Ein Karem, où de nombreux orphelins du Liban étaient amenés après divers massacres chrétiens par des musulmans. C’est là qu’il acheva son parcours terrestre – il fut enterré sur le site du monastère qu’il avait fondé, et une sculpture de la Vierge Marie, qui avait une fois attiré un athée obstiné dans les bras de son Fils, fut installée sur sa tombe.

Source : Credo (UA) ; Traduit de l’ukrainien.

Liubomyr PETSIUKH

Responsable communication

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