Éditorial du dimanche 16 juin
La pape François faisait récemment cette prière : « Donnez-moi, Seigneur, le sens de l’humour ». Il a aussi déclaré qu’il récite depuis 40 ans la prière de saint Thomas More (voir ci-dessous) pour demander le sens de l’humour. L’humour est humainement important car on ne peut rester constamment tendu et sérieux, à trop tendre la corde de l’arc on risque de la casser. L’humour permet de détendre l’atmosphère d’un repas qui voit la conversation se durcir, il permet de remettre à sa place un sujet qu’on traite avec un sérieux inapproprié. L’humour pourrait ainsi aider les supporters de football à prendre du recul et se rappeler qu’un match n’est qu’un simple jeu. L’humour peut nous aider dans la vie morale en mettant en lumière un comportement ou une parole inappropriée. Ainsi, on peut sourire du sérieux des rodomontades d’un orgueilleux, des vantardises d’un vaniteux ou des crâneries d’un couard. L’humour permet de se défaire d’une humeur maussade qui tend à voir toujours le mauvais côté des choses, en ce sens l’humour dispose à la joie. Il devient l’expression d’une certaine force dans l’adversité tel l’humour de nos flegmatiques voisins britanniques. Le théologien et moraliste Servais Pinckaers va jusqu’à faire de l’humour « une force de la sagesse » : en raison de son réalisme, de sa largeur et hauteur de vue, le sage est à même « de percevoir et de faire ressortir dans leurs contrastes les traits qui composent l’humour ». L’humour manifeste que nous sommes capables de prendre de la distance avec le réel et en particulier avec soi-même. Rire de soi-même pourrait bien être un commencement d’humilité ! L’humour exprime finalement une certaine liberté. Il y a en ce sens un humour chrétien à cultiver. La foi en élevant notre regard, en nous faisant regarder les choses du monde à la lumière de Dieu et de son éternité, devrait nous aider à garder le sourire, à garder le sens de l’humour, ce qui ne paraît pas inutile dans une société stressée et inquiète.
Père François Frédéric