Editorial de l’Avent – Diacre Patrick LAUDET

C’est Jean-Baptiste, dont notre cathédrale porte le nom, qui va nous accompagner durant l’Avent. L’homme du désert va nous redonner l’urgence. Car son désert à lui est aussi le nôtre !

Les déserts sont de tous les calendriers. Le pape François parle d’ailleurs du monde moderne comme d’un grand désert spirituel. « Là où le monde chrétien devient stérile et s’épuise comme une terre surexploitée qui se transforme en sable », il faut des voix dans ce désert, il faut des cœurs. Il faut, dit-il encore, et avec le sens des images qui est le sien, des « personnes-amphores », pour donner à boire aux autres. A l’instar de Jean-Baptiste, première « personne-amphore » de l’histoire, des hommes et des femmes assez vidés d’eux-mêmes pour se laisser remplir du Christ et retentir de sa parole, assez remplis de l’amour de Dieu eux-mêmes pour en abreuver les assoiffés ! C’est pourquoi Jean-Baptiste n’est pas qu’un précieux mais éphémère et provisoire compagnon du temps de l’Avent, idéal pour réveiller un temps notre foi et soutenir notre conversion. Il est peut-être un des saints majeur pour notre époque. L’Église, dit si justement encore le pape François, « ne grandit pas prosélytisme mais par attraction ». Car ce ne sont pas nos pauvres mots qui répondent à l’attente des hommes et qui feront naître l’Église, mais seuls les mots que le Seigneur Jésus, par grâce, dit à travers nous, et dont nous essayons, avec la façon dont nos vies authentifient un peu nos paroles, d’être la voix, le porte-voix. Pas de façon mécanique évidemment, en mettant plutôt dans le « grain » de nos voix singulières un peu de cette « révolution de tendresse » nécessaire à notre temps (audacieuse expression du pape !), et assez d’humilité et de charité pour que la voix sonne juste. Certes, le modèle de sainteté qu’offre Jean-Baptiste est peut-être un peu râpeux, il est surtout joyeux ! Car si nous parvenons à nous mettre au régime de cette foi de Jean-Baptiste si magnifiquement libre et dépouillée de soi, nous serons alors au régime de la joie. Cette joie, cette vraie joie à laquelle tous les textes du 3è dimanche de l’Avent dit de « Gaudete » nous appelleront bientôt.

     C’est cette voix de Jean-Baptiste qui, au fil des semaines qui viennent, va nous être confiée. A nous de la faire résonner dans le monde. Une voix qui dit qu’on ne s’approche pas tant de Dieu en marchant au grand pas des certitudes qu’en aimant profondément ! Une voix ferme et douce dans sa violence révolutionnaire ; la voix des saints, ceux qui ne parlent jamais d’eux mais qui, par leur vie donnée et avec les mots de leur époque, affirment inlassablement, à temps et à contretemps, qu’il n’y a jamais que l’amour qui vaut dans une vie, le reste n’appartenant qu’au sable du désert…Même modestes et humbles, oui, que nos vies résonnent chacune comme un cri d’amour dans le désert de notre temps ! Que la voix joyeuse de Jean-Baptiste, à travers nous, se lève plus que jamais pour dire aux hommes et aux femmes souvent affairés à l’inessentiel que tout passera, mais que l’amour, lui, ne passera pas. Que l’amour a un visage. Qu’il a le visage de ce Dieu fait homme, qui ne cessera jamais de venir à nous, de s’approcher de chacun de nous.  Le visage de ce Dieu, qui, plus que jamais, est vraiment tout près.

    A qui bon l’Avent, sinon à retrouver de sentir cette si bouleversante proximité ?

Liubomyr PETSIUKH

Responsable communication

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